7077. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 15 novembre 1755.
Votre rapport du 5 de ce mois m'a été rendu. Comme nous sommes au point de voir rentré le Parlement anglais, nous aurons bientôt tous les éclaircissements qu'il nous faut par rapport aux grandes affaires.1 Quant au refroidissement qui paraît être entre le comte de Kaunitz et le sieur Keith, je présume que, altiers et fiers que vous connaissez au mieux vous-même2 les Anglais dans leurs sentiments, ils pourront bien parler d'un ton haut à la cour où vous vous trouvez, dès que celle-ci ne voudra entrer en toutes leurs vues contre la France et touchant la Russie,3 ce qui ne saura que ralentir bien les deux cours l'une envers l'autre. Je ne doute pas que le maréchal de Neipperg, se trouvant à la tête du conseil de guerre4 et appuyé de l'Empereur, ne fasse du changement dans le nouveau système militaire, d'autant qu'il n'a jamais été bien avec Browne et qu'il ne laissera pas en conséquence de contrecarrer celui-ci en bien des choses. Je compte que vous ne manquerez pas de m'instruire de tout ce qui viendra de ceci à votre connaissance.
L'extrême éloignement que la France fait apparaître à ne vouloir pas une guerre de terre,5 et celui que la cour où vous êtes montre pour ne pas vouloir entrer dans les idées des Anglais, m'a fait venir la pensée si peut-être ces deux puissances ne sont pas secrètement convenues entre elles, ou s'il n'y a pas du chipotage sur le tapis en conséquence duquel l'une s'engage de ne pas vouloir attaquer les Pays-Bas autrichiens et l'autre de ne pas vouloir se prêter aux mesures des Anglais. Comme ce ne sont que de simples conjectures de ma part, je souhaiterais cependant que vous les éclaircissiez et me mandiez ce qui vous en parait. Prêtez, au reste, une attention continuée sur tous les arrangements militaires qui se font dans vos contrées et surtout en Bohême et en Hongrie,6 et n'épargnez ni peines ni soucis pour vous en bien orienter, afin de pouvoir m'en mettre bien au fait.
Federic.
Nach dem Concept.
7078. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 15 novembre 1755.
L'ordinaire dernier ne m'a rien apporté de votre part, et, en attendant vos nouvelles, je ne vous dirai cette fois qu'ayant réfléchi sur I'éloignement singulier que le ministère de France marque contre toute
1 Vergl. Nr. 7074.
2 Als ehemaliger Gesandter am englischen Hofe. Vergl. Bd. VI, 590; VII, 419; VIII, 327. 585.
3 Vergl. S. 326. 365.
4 Neipperg war seit Anfang October Vicepräsident des Hofkriegsrathes.
5 Vergl. S. 267. 275.
6 Vergl. S. 370.