7126. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 9 décembre 1755.
J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois et vous sais gré de ce que vous m'avez marqué au sujet de la malheureuse catastrophe arrivée à la ville de Lisbonne. Cependant, comme vous ne vous expliquez qu'en gros sur la révolution que ce malheureux évènement opère en Hollande, et que, d'ailleurs, je voudrais bien avoir une relation des plus exactes et des plus conformes à la vérité de cet évènement, vous devez tâcher de m'en procurer une et marquer en même temps, par plus de détail que vous n'avez pas pu faire encore, les effets qui en résulteront pour le négoce de la République.
Federic.
Nach dem Concept.
7127. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 9 décembre 1755.
La dépêche que vous m'avez faite du 28 novembre, m'a été fidèlement rendue. Il est bien triste d'apprendre que, malgré tous les désastres qui malheureusement arrivent coup sur coup à la France, le ministère y reste toujours dans sa léthargie et ne songe qu'à des desseins dont ordinairement on les a déjà prévenus, de sorte que c'est à peu près comme s'il était privé de raison, de sens commun et de tout;1 aussi la manière dont ce ministère se conduit, fera qu'à la fin les alliés de la France seront obligés de penser à leur propre sûreté.
Quant au dessein d'engager la Porte à quelque déclaration vigoureuse à l'égard de la Russie,2 je crains encore que ce ne soit trop tard, parceque je présume que les Anglais le préviendront, avant que M. de Vergennes aura mis les fers au feu.
Au surplus, je suis bien aise de vous dire à cette occasion que vous devez presser au possible l'expédition du passe-port que je vous ai ordonné3 de solliciter auprès de M. de Rouillé pour le sieur de Varenne, qui ira incognito sous la qualité d'un voyageur par Marseille à Smyrne et à Constantinople, pour y vaquer aux commissions dont je l'ai chargé. Vous observerez que, dès que vous aurez ce passe-port, vous le lui enverrez sous votre enveloppe à Marseille et adresserez votre lettre à mon consul à Marseille, le sieur Le Clerc, avec ordre de la garder auprès de lui, jusqu'à ce que le sieur Varenne y sera arrivé et lui demandera votre lettre; vous éviterez encore de sonner mot envers le sieur Le Clerc des commissions secrètes dont ledit sieur Varenne est chargé. Comme celui-ci partira au premier jour d'ici, il vous annoncera son arrivée à Strasbourg, afin que vous songiez alors de lui envoyer son passe-port à Marseille.
1 Vergl. S. 381.
2 Vergl. S. 324.
3 Vergl. S. 408.