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7139. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 16 décembre 1755.

J'ai reçu votre dépêche du 5 de ce mois. J'avais toujours cru, comme vous vous souviendrez, que le plan que le ministère de France s'était formé pour une union maritime avec le Danemark et la Suéde,1 n'aurait point de succès, et c'est d'ailleurs bien tard, quand ce ministère ne s'est aperçu que jusqu'à présent de là conduite du baron de Bernstorff et de son éloignement de tout ce qui regarde les intérêts de la France,2 à qui il n'a jamais été attaché, pour ne pas dire ici le reste, mais dont vous pouvez être instruit par les papiers que vos deux prédécesseurs vous en ont laissés, où vous remarquerez que, du temps que le ministère de France se donnait tous les mouvements pour placer ledit baron de Bernstorff dans le conseil du roi de Danemark, je lui ai tout prédit, et que c'a été bien contre mon avis et contre mon gré que ledit ministère employa tous ses soins pour le faire agréer dudit Prince.3

Quant au duc de Modène, je me persuade que les ministres ne seront pas plus heureux avec lui,4 et que leur dessein de lui faire prendre des engagements avec la France, ne réussira point. Et pour ce qui regarde l'électeur de Bavière, je ne vois encore à quoi il leur saurait être utile, parcequ'il est trop éloigné des pays de la domination de la France, trop isolé et toujours sous la main de l'Impératrice-Reine, en sorte que, dès qu'il se déclare, cette Princesse est à même d'envahir d'abord ses États,5 à moins que la France ne lui envoie une armée pour le soutenir, et il est vrai que, dans ce cas-là, il peut être utile à la France.

Au reste, les nouvelles que je reçois de Vienne,6 me confirment qu'on y fait tous les arrangements militaires qui font présumer quelque dessein; on y lève par force des recrues, et on oblige les États des pays héréditaires pour en livrer, afin de rendre complets les régiments; l'on remonte la cavalerie, l'on prépare l'artillerie de campagne pour être prête au premier ordre, on fait assembler des magasins en Bohême, tout comme si on était à la veille d'une guerre.

Ce sont d'ailleurs les mêmes nouvelles qu'on nous annonce du côté de Russie,7 qui nous marquent qu'on renforce les troupes en Livonie et surtout en Courlande, qu'on y prépare des trains d'artillerie et des magasins pour un gros corps d'armée; aussi, selon mes dernières nouvelles, on a envoyé beaucoup de galères de Pétersbourg et Kronstadt à Reval; enfin, il y a bien des manèges entre les deux cours impériales8 dont jusqu'à présent je n'ai pas pu bien pénétrer encore les vues.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 372.

2 Vergl. S. 228.

3 Vergl. Bd. VIII, 595.

4 Vergl. S. 314.

5 Vergl. S. 242.

6 Berichte Klinggräffen's, Wien 29. November and 6. December. Vergl. Nr. 7128. 7137.

7 Vergl. Nr. 7147.

8 Vergl. S. 404. 431.