<445> je veux bien vous dire pour votre direction que l'Angleterre m'a fait faire de nouvelles ouvertures, qui, à ce que j'en comprends, ne visent qu'à une neutralité à maintenir dans l'Allemagne.1 Au surplus, je ne veux point vous laisser ignorer que la Russie continue toujours à assembler ses troupes en Livonie et en Courlande et a donné ses ordres pour avoir ses galères prêtes à Reval et autres ports en Livonie, afin d'agir au premier ordre contre moi.2
Cependant, ce qui m'embarrasse le plus, ce sont les avis que j'ai eus de bonnes mains, en conséquence desquels [les arrangements que] la cour de Vienne prend pour ouvrir la guerre, quand elle la trouvera convenable, vont secrètement, et qu'elle fait assembler des magasins en Bohême et en Moravie pour le soutien d'un corps considérable de troupes,3 afin d'être toujours à portée d'agir au premier ordre.
Federic.
Nach dem Concept.
7154. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 23 décembre 1755.
Votre rapport du 13 de ce mois m'a été fidèlement rendu, au sujet duquel je ne veux plus vous dissimuler qu'il y a déjà quelque temps que j'ai commencé à soupçonner qu'on vous impose par les avis qu'on vous donne sur ce qui regarde les affaires publiques, et particulièrement sur celles par rapport aux liaisons entre la Russie et la cour où vous êtes, de sorte que je crois être en droit de croire que, de la part de la cour où vous vous trouvez, on vous détache des gens pour vous faire accroire ce qu'on voudrait. Ainsi je vous avertis d'en être sur vos gardes. Les idées qu'on vous a apportées sur quelques mésintelligences entre les deux cours impériales,4 sont des plus mal fondées, et je ne m'aperçois que trop que tout ce qui se fait d'arrangements des Autrichiens par rapport à leur militaire,5 sont offensives contre moi, malgré tous les soins qu'ils prennent à les cacher. Les nouvelles que vous avez eues de la disgrâce du sieur de Vergennes6 sont marquées au même coin que susdit, et le voyage du général Lacy en Russie7 n'est sûrement pas pour un tel objet qu'il vous a voulu faire accroire. Sans vouloir entrer dans plus de détail là-dessus, je vous avertis encore une fois d'être bien en garde contre ceux qui vous prêtent des avis, pour distinguer leurs rapports, et de veiller bien contre une cour qui tâche d'imposer à tout le monde, pour lui faire perdre la vraie piste sur ses vues. Soyez persuadé que je ne vous avertis de tout ceci sans avoir mes bonnes raisons.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 419.
2 Vergl. Nr. 7147.
3 Vergl. Nr. 7154.
4 Vergl. S. 442.
5 Vergl. Nr. 7147.
6 Vergl. S. 442.
7 Vergl. S. 404.