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6649. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 14 février 1755.

Je regarde le double mariage qu'on croit se négocier entre les cours de Vienne et de Naples1 avec bien de l'indifférence, pourvu qu'il ne soit pas suivi d'autres liaisons plus intéressantes, ce qui pourtant n'est pas à présumer, vu que les intérêts des deux cours entre eux et leurs vues sont trop opposés.

Nous savions déjà la nomination du sieur de Vergennes au poste de Constantinople, quand votre rapport du dernier de janvier nous est arrivé.2 En général, j'estime que le nouveau Sultan ne se déclarera point ni pour l'un ni pour l'autre parti, avant que de s'être bien mis au fait des affaires;3 je présume, d'ailleurs, que raisonnablement il ne voudra pas entrer de but en blanc en guerre, mais, sur ce qu'on nous [a dit] que c'est un prince actif et intelligent, je crois qu'il aura une attention particulière sur toutes les démarches de ses voisins, qu'il n'en sera pas la dupe, et que les affaires de Pologne, de la Nouvelle Servie et de la forteresse de Sainte-Elisabeth, avec d'autres pareilles, ne lui seront jamais indifférentes. Soyez vigilant et attentif à tous côtés dans ces moments critiques.

Federic.

Nach dem Concept.


6650. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 14 février 1755.

Votre rapport4 du 7 de ce mois m'a été rendu. J'aurais aimé que le sieur Servandoni5 eût eu le loisir de venir passer par ici à son voyage en France, mais, comme ses affaires ne l'ont pas permis, il faut bien attendre son retour, où je serai toujours bien aise qu'il passe par Berlin.

e désirerais bien que votre homme vous puisse fournir à présent des nouvelles intéressantes, il m'importe fort d'être informé à fond de ce qui s'est passé à Pétersbourg à l'occasion de la grande conférence qui s'est tenue le 25 novembre dans la maison du chancelier Bestushew,6 où une levée de recrues de 60,000 hommes a été résolue. Songez donc d'en avoir, supposé que votre homme sache le faire sans hasard et sans s'exposer;7 peut-être quelque jour de grande dévotion y sera le plus propre.



1 Projectirte Verbindung zwischen dem Erzherzog Joseph von Oesterreich und einer Prinzessin von Sicilien, sowie zwischen dem Prinzen von Calabrien, ältesten Sohn des Königs von Sicilien, und einer österreichischen Erzherzogin. Vergl. Bd. VIII, 428. 464.

2 Vergl S. 43.

3 Vergl. S. 51.

4 Alinea i wurde unchiffrirt ausgefertigt. Vergl. S. 20.

5 Vergl. S. 35.

6 Vergl. S. 11.

7 Vergl. S. 14.