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faire en sorte que la Reine s'expliquât avec le marquis d'Havrincourt.1 Si je n'ai jamais pu amener les choses à ce point alors, le hasard m'a fourni l'occasion d'y engager ces jours-ci le marquis d'Havrincourt, lorsque j'y pensais le moins. Ce ministre m'ayant parlé de mon rappel,2 toucha un mot des affaires de ce pays-ci et de leur situation critique, ainsi que de l'impossibilité de trouver une personne qui pût s'employer à les raccommoder. Il me fît des plaintes sur ce que, lui ayant voulu dans le commencement de ces brouilleries travailler à les rajuster et ayant prié la Reine de lui accorder un entretien, Sa Majesté ne l'avait pas voulu. …Je le pris au mot et lui demandai s'il voulait donc encore présentement s'expliquer avec la Reine, que je pourrais peut-être me faire fort d'y engager Sa Majesté. Il me répondit que, si la Reine voulait lui parler, il ne demandait mieux. …Le lendemain, j'ai rendu compte à la Reine de mon entretien avec le marquis d'Havrincourt … Pour ne pas faire un rapport à Votre Majesté du long entretien que j'ai eu avec la Reine, je Lui dirai que le plan à l'égard du marquis d'Havrincourt était que ce ministre se rangeât du côté de la cour, qu'il abandonnât les sénateurs dans leurs prétentions vis-à-vis du roi de Suède, tandis que Sa Majesté garantirait que leurs droits et leurs dignités seraient en pleine sûreté; qu'enfin le marquis d'Havrincourt fût obligé d'employer les moyens et l'argent de la France à la Diète prochaine pour les intérêts du roi de Suède et à changer la forme présente du gouvernement.“ Nachdem Maltzahn die Einwände, welche er gegen die Ansicht und die Hoffnungen der Königin geltend gemacht, erwähnt hat, hebt er hervor, dass er besonders davor gewarnt, den Verheissungen Panin's, Russland werde dem schwedischen Hofe zur Verstärkung seiner Macht dem Senat gegenüber behülflich sein, irgend welchen Glauben beizumessen.3 Da die Königin durchaus entgegengesetzter Meinung bleibt, so schliesst der Gesandte: „Votre Majesté verra aisément que, la façon de penser de la Reine et ses projets étant si éloignés

été fidèlement rendue. J'avoue que ce que vous m'avez marqué du système qu'il paraît que la Reine a absolument adopté, m'a également surpris et touché, et de la manière que je vois que la cour veut se gouverner, je ne prévois que du malheur et qu'elle se perdra de crédit. Je ne puis cependant qu'approuver entièrement les réponses et les sages remontrances que vous avez faites à ma sœur, et que j'ai trouvées en tout conformes à ma façon de penser. Si, malgré tout cela, l'on veut aller son train et faire, pour ainsi dire, des sottises, je m'en lave les mains. Nonobstant tout ceci, je souhaiterais pourtant que vous puissiez ménager un entretien entre la Reine et le marquis d'Havrincourt, par deux motifs que j'y ai, le premier que M. d'Havrincourt puisse voir lui-même qu'on ne sait point faire ce qu'on veut avec la Reine, ma sœur, et que c'est injustement qu'on m'a soupçonné de lui avoir inspiré des sentiments bien contraires à ma façon de penser, et en second lieu que le marquis puisse peut-être par de bonnes et solides raisons, qui ne lui coûteront guère d'alléguer à la Reine, lui faire ouvrir les yeux sur les suites dangereuses que le parti de Russie lui inspire, et la ramener par là à des sentiments de modération. Je crois qu'il convient que vous vous expliquiez là-dessus envers le marquis avec ouverture de cœur pour l'y disposer, en lui disant encore de ma part combien je serai aise qu'il parlât à ma sœur en lui faisant des



1 Vergl. Bd. X, 360. 367. 368. 377.

2 Vergl. S. 31.

3 Vergl. Bd. X, 367.