6605. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 18 janvier 1755.
Le dernier ordinaire m'a apporté le rapport que vous m'avez fait du 3 de ce mois, et je n'ai jamais douté que ce ne fût qu'une illusion toute pure du ministère autrichien que la fausse interprétation de la harangue du roi d'Angleterre, pour se flatter qu'elle tendait à la conclusion d'un traité de subsides avec la Russie.26-1
Il y a bien un autre point dans ladite harangue au sujet duquel je souhaiterais bien d'avoir vos explications. C'est que le roi d'Angleterre y a annoncé formellement à son Parlement la ferme résolution du roi d'Espagne de cultiver avec lui l'amitié par des actes réciproques d'harmonie et de bonne foi et de persévérer dans ces sentiments, quoique je sache, à n'en pouvoir pas douter,26-2 qu'il n'y a point d'engagement pris entre l'Espagne et l'Angleterre, et que plutôt la première est fermement déterminée de ne vouloir rien faire qui blesse les intérêts de la France, ni altérer l'amitié qu'elle lui avait consacrée. Mandez-moi, s'il est possible, comment concilier ces contradictions.
De plus, comme la cour de Vienne paraît être bien consternée de la nouvelle de la mort du Sultan, et qu'elle appréhende les résolutions vigoureuses que son successeur pourrait prendre, mandez-moi si l'Angleterre, au cas d'une guerre entre la Porte et la maison d'Autriche, donnerait des subsides à celle-ci.
Au reste, comme toutes les nouvelles nous annoncent que la France arme à Brest pour être prête à tout évènement, si l'Angleterre met en mer quelque escadre considérable,26-3 marquez-moi votre sentiment si vous estimez que cette démarche de la France rendra plus docile l'Angleterre ou augmentera plutôt l'aigreur entre les deux cours.
Federic.
Nach dem Concept.
<27>26-1 Vergl. Bd. X, 498.
26-2 Bericht Knyphausen's vom 3. Januar. Vergl. Nr. 6606.
26-3 Vergl. Nr. 6606.