6617. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 27 janvier 1755.
La lettre que vous m'avez faite du 24 de ce mois, m'a été bien rendue, et je vous sais parfaitement gré de la description que vous me faites du bel opéra35-2 qu'on vient de représenter au théâtre de la cour sous le nom d'Ezio, dont l'imprimé que vous avez joint du triomphe d'Ezio, avec le dessin de l'ordre et de la marche, m'a donné une idée bien favorable sur le succès que tout cela a eu et sur l'admiration qu'il faut bien qu'un spectacle aussi beau et bien ordonné ait opérée aux spectateurs; mais, ce que je ne comprends pas bien encore, c'est qu'une [marche] pour faire passer le théâtre à tant de personnes, chevaux et chariots, ait pu se faire pendant l'intervalle de vingt minutes. Je ne suis point surpris de ce que vous m'indiquez des décorations du théâtre qu'on a employées, je connais trop le bon goût du sieur Servandoni et son intelligence sur ces sortes de choses pour douter que cela n'ait dû produire le plus bel effet, et, s'il arrive encore ici, j'espère d'apprendre de lui-même tout le détail de son travail et qu'il satisfera surtout à ma curiosité touchant le Colisée et la colonne de Trajan, avec les autres beaux morceaux d'architecture et de perspective.
Je suis un peu inquiet encore sur le sort de votre homme connu, par la raison que vous savez;35-3 donnez-m'en des nouvelles avec la précaution imaginable et si vous apercevez qu'on soupçonne des gens, et si l'on prend plus de précaution qu'auparavant.
Après tout, si le temps ne veut pas permettre audit sieur Servandoni qu'il vienne ici avant son départ en France, je serais toujours bien aise de le voir et lui parler à son retour de France, pourvu qu'il veuille passer alors par Berlin ou Potsdam.
Au reste, je vous tiendrai compte des dépenses que vous emploierez pour me faire avoir du sieur Hasse la copie de ce bel opéra.
Federic.
Nach dem Concept.
<36>35-2 Vergl. S. 20 Anm. 3.
35-3 Vergl. S. 14.