6659. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 22 février 1755.

J'ai reçu votre rapport du 12 de ce mois. Je laisse à mes ministres de vous instruire des nouvelles que nous avons reçues touchant les armements considérables qu'on prépare actuellement en Angleterre,64-3 et des raisons que les ministres anglais en allèguent, en protestant toujours que ces préparatifs n'étaient que purement défensifs. Je veux seulement vous faire observer que la cour de Londres a dernièrement prévenu ses alliés à ce sujet, en leur communiquant, et entre autres à la cour de Vienne, les préparatifs qu'elle avait été obligée de faire, en donnant avis de la négociation qu'on avait entamée, en attendant, avec la France.<65> On a également instruit le sieur Keith, afin qu'il communique aux ministres autrichiens les ordres que le même courrier porterait au sieur Porter à Constantinople, pour qu'il tâchât de conserver les ministres de la Porte dans des sentiments pacifiques comme ci-devant; précaution qu'on a jugé à propos de prendre, sans en être requis par les deux cours impériales, afin d'en faire la démonstration qu'on veillait à leurs intérêts, et pour qu'elles fissent autant dans les occurrences vers l'Angleterre.

Je ne crois pas l'avis de la disgrâce du sieur Rasumowski à Pétersbourg fondé,65-1 et ce que des lettres de Hambourg en annoncent, me paraît être fort apocryphe, au moins n'avons-nous jusqu'ici aucune nouvelle sûre à ce sujet.

D'ailleurs, il n'est guère à présumer que les audiences du baron de Beckers aient pour objet des affaires d'importance, il se [peut] qu'il s'y agisse de quelques petites chipoteries, mais je me persuade que cela ne tirera à rien.65-2

Il est toujours bon que quelque révolte soit arrivée parmi les Croates,65-3 ne fût-ce que pour faire apprendre à la cour de Vienne qu'il lui peut arriver des désastres même dans l'intérieur de son pays; le malheur est seulement que cela arrive un peu hors de saison et non pas à un temps où le nouveau Grand-Seigneur se sente assez afin de pouvoir y être pour quelque chose. Je crois, en attendant, que la cour s'avisera de la voie de douceur pour apaiser cette révolte, et qu'à la suite elle songera à se défaire des chefs de la révolte, pour n'en avoir plus à craindre.

Federic.

Nach dem Concept.



64-3 Vergl Nr. 6666.

65-1 Vergl. S. 42.

65-2 Vergl. Bd. X, 150.

65-3 Vergl. S. 60.