6734. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 12 avril 1755.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 2 de ce mois. Il se peut fort bien, et je n'en veux pas disconvenir que la cour où vous vous trouvez ne souhaite pas la guerrre ni de la rupture entre la France et l'Angleterre dans le moment présent, vu les circonstances embarrassantes où elle se trouve par les révoltes en Hongrie, et parcequ'elle a à se méfier de la Porte;120-1 aussi veux-je bien vous avouer que ces soupçons ne me sont autrement venus que de la conduite singulière que son ministre à Londres, le comte Colloredo, a tenue, pendant que la nation anglaise a été si animée contre la France par rapport aux différends sur leurs possessions en Amérique, où je sais de bon lieu120-2 qu'à ce sujet ce ministre a d'abord donné à entendre à ceux d'Angleterre que les troupes de sa souveraine étaient en bon état, et qu'il a cherché à inspirer à ces ministres des sentiments de vigueur, avec tant de vivacité qu'il s'en est même attiré de mauvais compliments, et jusqu'à lui faire entendre qu'on voulait éviter, autant que possible, de payer les violons pour faire danser les autres. Comme je n'ai point eu de lettres de Londres le dernier ordinaire, j'en attends avec d'autant plus d'impatience, pour voir l'issue que tous ces grands remuements qu'on y fait, auront eue.
Vous pourrez être sûr du secret que je vous garderai de l'anecdote au sujet du prince de Hildburghausen;120-3 il me semble qu'il a agi fort sagement de n'avoir pas mordu aux appâts. Continuez à être bien attentif sur tout ce qui peut mériter mon attention dans le moment présent, afin de pouvoir m'en instruire exactement.
Federic.
Nach dem Concept.
120-1 Vergl. S. 107. 119.
120-2 Bericht Michell's, London 14. Februar.
120-3 Dem österreichischen Feldmarschall Prinz von Hildburghausen war der Eintritt in russische Dienste angeboten worden.