6872. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 15 juillet 1755.
J'ai reçu votre rapport du 5 de ce mois. Si ce qu'on vient de me dire à présent au sujet du voyage que le général russien de Browne vient de faire aux pays autrichiens, et duquel je vous ai déjà marqué les circonstances et mes soupçons,209-4 est juste, il ne doit point aller à Vienne, mais à Prague, afin d'y voir le feld-maréchal Browne et visiter ses enfants, qu'il fait élever là dans un couvent, d'où il partira à Karlsbad, pour s'y servir des eaux minérales. Ce que je n'ai point voulu vous laisser ignorer pour votre direction.
Je suis bien persuadé de ce que vous dites au sujet du système de Bartenstein que la cour de Vienne voudrait adopter à présent,209-5 je ne doute pas même que la Reine-Impératrice ne veuille guère être mêlée de la guerre qui va s'élever entre la France [et l'Angleterre]; mais,<210> malgré cela, j'ai tout lieu de croire que, dès que l'Angleterre le voudra sérieusement, cette Princesse se verra obligée d'entrer en toutes les mesures de l'Angleterre,210-1 à moins que de vouloir éprouver ellemême ce que ordinairement ceux qui sont en liaisons avec la cour de Vienne, éprouvent, savoir que, quand ceux-là ne veulent pas faire aveuglément tout ce que la dernière demande, voilà d'abord la bonne intelligence et l'amitié altérées.
Federic.
Nach dem Concept.
209-4 Vergl. Nr. 6856.
209-5 Klinggräffen berichtet, Wien 5. Juli, er habe von wohlunterrichteter Seite erfahren: „qu'on commençait à adopter en partie le système du baron Bartenstein, consistant en ce qu'il ne fallait point être la dupe de ses alliés, par où il entendait qu'il ne fallait pas aveuglément se laisser entraîner par l'Angleterre dans ses projets.“ Vergl. Bd. X, 283.
210-1 Vergl. S. 127.