6952. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Camp de Spandau, 26 août 1755.

J'ai reçu votre rapport du 14 de ce mois. De la manière que le ministère français274-2 continue à se conduire vis-à-vis de l'Angleterre, il ne pourra que de perdre sa réputation auprès du public et rendre les Anglais<275> plus orgueilleux; témoin mes lettres de Londres,275-1 qui me marquent la sur prise où tout le monde y était de voir que la France ne marque aucun ressentiment proportionné à l'insulte qui lui a été faite,275-2 et que le ministère anglais n'en attribuait le motif qu'à la faiblesse de celui de France, qui n'était nullement en règle, ni ne saurait se démêler de son embarras.

Aussi, pour vous parler confidemment et sous le sceau du secret le plus absolu, je commence presque à soupçonner qu'il y en a, le bon Dieu sait qui, lequel, épris par les largesses d'Angleterre, fomente l'irrésolution et empêche qu'il ne soit adopté aucun système de fermeté et de vigueur dans le Conseil.

Quant à celui de vouloir rendre la guerre maritime,275-3 je pense que c'est justement là où les Anglais les attendent, qui, par leurs flottes qu'ils ont mises en mer, partout supérieures à celles de France, ne visent autrement qu'à battre les escadres françaises éparpillées en détail, de ruiner l'une après l'autre et d'écraser ainsi la marine de France.

Pour ce qui regarde l'Espagne,275-4 je me souviens du temps que je fis avertir fidèlement le ministère de France d'être en garde contre les machinations des Anglais et de la cour de Vienne qui travaillaient à détacher l'Espagne de la France,275-5 mais que tous ces fidèles avertissements furent négligés alors à mon grand regret.

Au reste, comme la cour se rendra dans le mois prochain à Fontainebleau, mon intention est que vous la suiviez dans ce voyage.

Federic.

Nach dem Concept.



274-2 In der Vorlage verschrieben: anglais.

275-1 Bericht Michell's, London 15. August.

275-2 Vergl. S. 226.

275-3 Vergl. S. 268.

275-4 Knyphausen berichtet, Compiègne 14. August: „Il paraît que le mécontentement de l'Espagne contre la France subsiste en son entier, et qu'elle [l'Espagne] n'incline nullement à se déclarer en sa faveur.“

275-5 Vergl. Bd. IX, 99; X, 148.