6982. AU SECRÉTAIRE MICHELE A LONDRES.

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Michell berichtet, London 29. August:301-1 „L'on est persuadé ici que, lorsque la guerre sera allumée sur le continent, Votre Majesté S'en tiendra aux engage- ments qu'Elle a avec la France. Les ministres disent, à la vérité, savoir que vous vous étiez, Sire, expliqué fort froide- ment jusqu'ici avec cette couronne, et que Votre Majesté n'avait pas répondu favo- rablement aux premières instances que le ministère de France avait eu ordre de Lui faire pour savoir comment Elle envisageait l'engagement de l'amiral Boscawen;301-2 que, de plus, Votre Majesté avait fait sentir à la cour de Versailles combien elle devait se reprocher le peu de précautions qu'elle avait pris au sujet des affaires du conti- nent depuis le commencement de ces différends avec les Anglais, et que, si leur levée de boucliers l'avait trouvée au dé- pourvu, il fallait qu'elle s'en prît à elle- même.301-3 Voilà, Sire, ce qui m'est revenu de très bonne part sur le chapitre de Votre Majesté. Je sais même aussi qu'on n'a pas été fâché d'avoir su qu'Elle n'a- i vait pas embrassé tout de suite la querelle de la France, mais, avec cela, on s'attend bien qu'Elle ne restera pas longtemps les bras croisés, et que, si le feu est une fois allumé sur le continent, Elle prendra quelque résolution d'une façon ou d'autre.“

Camp de Breslau, 13 septembre 1755.

J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois. Nous n'ignorons pas ici que les Anglais ont déjà fait effectivement la guerre aux Français aux mers de l'Europe, en ayant pris déjà plusieurs vaisseaux des Français,301-4 qu'ils ont cependant relâchés d'abord, parceque la capture n'était d'aucune importance. Malgré cela, je crois que les Français ne remueront pas encore, mais qu'ils attendront que l'Angleterre leur fasse la première la déclaration de guerre. C'est pourquoi je suis bien curieux d'apprendre de vous si le roi d'Angleterre sera obligé de faire cette déclaration de guerre dès son retour à Londres, ou s'il s'en dispensera encore quelque temps.

Au reste, après que vous m'avez instruit par votre dépêche du 29 dernier de la façon de penser qu'on m'attribue, là où vous vous trouvez, relativement aux conjonctures présentes, dont je vous sais parfaitement gré, mandez-moi présentement, sans me dissimuler quelque chose, de quelle manière on

 

pense en Angleterre à mon sujet, si je leur importe en quelque façon, ou s'ils ne réfléchissent guère sur moi.302-1 Observez, avec cela, que vous ne fassiez votre rapport là-dessus qu'à moi seul et immédiatement, comme de toutes les autres affaires au sujet desquelles je vous demande moi-même et par mes lettres immédiates votre avis.

Federic.

Nach dem Concept.



301-1 Vergl. S. 290.

301-2 Vergl. S. 224. 267.

301-3 Vergl. S. 231.

301-4 Vergl. S. 293.

302-1 Vergl. S. 255.