pouvait plus y avoir d'alliance défensive entre Elle et la France. D'autres ont observé qu'il y aurait de la faiblesse à Sa Majesté Très Chrétienne de consentir à un pareil renouvellement, après le mépris que Votre Majesté venait de lui marquer. Enfin, d'autres se sont avancés jusqu'au point de dire qu'après avoir été abandonné par Votre Majesté dans deux occasions importantes, dont l'une était celle de la paix de Breslau et l'autre la conjoncture présente, il serait téméraire et inutile de prendre dorénavant confiance en Elle. Mais, après des débats très vifs, on est enfin convenu qu'il serait imprudent d'aliéner tout-à-fait Votre Majesté et de se livrer entièrement au ressentiment dont on était animé; qu'Elle formait dans la balance de l'Allemagne un contre-poids permanent à la puissance de la maison d'Autriche; qu'à ce titre Son alliance devait être précieuse à la France, et que cette dernière travaillerait contre elle, si elle se prêtait à des mesures qui puissent tendre à Son affaiblissement. Le maréchal de Belle-Isle a fort influé sur cette résolution … Il est le seul qui, dans la fermentation où se trouvent les esprits, ait osé parler au Roi et au ministère en faveur du renouvellement de Son alliance. Il est même vraisemblable que sans lui on aurait surle-champ fait revenir M. de Nivernois, sans entrer dans aucune négociation ultérieure avec Votre Majesté … Quelque grand que soit le soin qu'ait pris le ministère et qu'il prend encore pour faire croire au public que cette négociation a été conclue de son gré et avec sa participation, on soutient cependant généralement le contraire et que les reproches auxquels la nation se livre à cette occasion, sont proportionnés à la confiance qu'elle avait prise en Votre Majesté, et l'utilité qu'elle espérait de retirer de Son alliance.“ | alliances faites pour assurer, selon leur teneur, le repos de l'Allemagne, ne peuvent point servir à la troubler. 6° M. Rouillé croit que, par ce traité de neutralité, l'Angleterre se verra à même de pouvoir se servir de ses auxiliaires en Angleterre. S'il ne parle que d'une partie de ces auxiliaires, je lui avoue qu'il a raison; car, à ce qu'on apprend, les Hessois ont été requis de marcher, et les sollicitations du roi d'Angleterre à la Haye feront de même partir le corps auxiliaire des Hollandais; mais je demande à cette occasion à M. Rouillé s'il vaut mieux que les Anglais fassent passer 14,000 hommes d'auxiliaires pour la défense de trois royaumes ou qu'une armée de 80,000 hommes marchât en Flandre et une de 60,000 hommes sur le Rhin? C'est cependant de quoi le délivre ce traité de neutralité contre lequel il se récrie si fort, et dont il semble qu'il a pris à tâche d'interpréter tout du mauvais côté. Il serait à souhaiter pour la France qu'elle pût faire toutes ses opérations sans résistance, mais si elle veut bien y penser, elle trouvera que cette convention de neutralité, sans lui lever tous les obstacles, lui en facilite cependant beaucoup. Je suis effrayé en voyant l'effroi de M. Rouillé sur l'expédition d'Hanovre1 il me permettra de lui dire en qualité de militaire que c'était au mois d'août de l'année passée; qu il fallait tenter cette expédition, mais dès lors qu'on laissa échapper ce temps, que c'est y songer après coup. Lorsque Louis XIV attaqua |
1 Vergl. S. 95.