<147> que je puisse faire passer en Angleterre, et que j'espérais qu'ils en mesureraient si bien les termes qu'elle n'augmenterait pas l'aigreur qui commence à se manifester entre les deux nations. J'ai fait ce que j'ai pu pour fléchir la roideur anglaise; si je n'y suis pas parvenu au point que je l'aurais désiré, ce n'est pas ma faute, mais il me semble que la France pourrait se ménager cette espèce de négociation indirecte, indépendamment des mesures qu'elle trouvera convenable de prendre, quitte à l'abandonner, si elle ne la trouve plus de sa convenance.
Le roi de France verra au moins que, dans quelle position que je me trouve, je ne perds ni ses intérêts ni sa gloire de vue. Vous pourrez me faire parvenir votre réponse par le courrier du duc de Nivernois. Si cependant, contre mon attente, on croyait entrevoir à Versailles quelque lueur de conciliation dans les propositions des Anglais et qu'on vous donnât une réponse qui vous le fit entrevoir, vous pourrez expédier un courrier sur le champ, pour qu'il n'y ait pas un moment de perdu, d'autant plus que dans le moment présent les instants qui peuvent acheminer à la paix, deviennent de jour en jour plus précieux.
Federic.
Nach dem eigenhändigen Concept.
7304. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.
[Potsdam], 27 [février] 1756.
Mon cher Frère. Je suis bien aise que le duc de Nivernois ait été content ici;1 j'ai fait ce que j'ai pu pour l'amuser. Quand il fait beau, je me promène, pour profiter de tous les moments de soleil; il faut prendre le beau temps comme il vient, car je crains fort que la saison où nous devrions l'avoir, ne soit ou pluvieuse ou froide. On a dit à Dresde que j'avais été incognito à leur carnaval et que le comte Hessenstein m'y avait vu. Je voudrais que cela fût vrai, car alors je pourrais me trouver en deux lieux à la fois, ce qui souvent serait aussi utile qu'agréable. Je vous embrasse, mon cher frère, en vous priant de me croire avec une parfaite amitié, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
7305. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Knyphausen berichtet, Paris 16. Februar: „J'ai eu l'honneur de mander à Votre Majesté par mes précédentes et très humbles lettres immédiates que je m'étais aperçu que l'ambassadeur d'Espagne2 était informé de l'opération qu'on se proposait d'entreprendre contre l'île de Minorque. J'ai tout lieu de supposer que sa cour, sur le rapport qu'il lui en a fait, s'est déterminée à feindre de ne point en avoir connaissance et d'en attendre tranquillement l'issue, afin d'aviser ensuite aux mesures“
1 Vergl. S. 133. 134.
2 Soto-Mayor.