<275> France la réplique que le ministère anglais m'a fait transmettre par vous; auquel sujet il faut cependant que je vous fasse remarquer qu'il aurait été plus convenable que le lord Holdernesse vous eût remis cette réplique par écrit et que vous ne vous fussiez point chargé d'écrire vous-même ce qu'on avait à me répondre à ce sujet.
Pour revenir à l'affaire même, vous insinuerez aux ministres que je ne saurais leur dissimuler que, parceque la France est imbue à présent du succès qu'elle se promet de son entreprise qu'elle tentera sur l'île de Minorque,1 elle sera plus fière encore que par le passé au sujet des propositions d'accommodement, mais que mon idée est toujours la même, de tenir la négociation pour la réconciliation en train et haleine, afin qu'à quelque évènement favorable, comme par l'exemple si l'entreprise sur la Minorque échoue, ou un autre pareil, l'on puisse se saisir du moment pour en profiter heureusement.
Quant au second point de votre dépêche, concernant l'avis que la cour de Londres a reçu touchant le dessein de la France pour menacer l'Allemagne d'une invasion, afin de renverser les arrangements pris pour le maintien de la religion protestante dans le pays de Hesse-Cassel, j'ai tout sujet de croire que la France a chipoté là-dessus avec la cour de Vienne, pour prendre des concerts à cet égard; mais je suis aussi persuadé que la plus grande partie de leur projet se trouve déjà dérangée par l'arrivée inattendue du prince héréditaire de Cassel ici; et, pour le reste, quand le sieur Mitchell sera arrivé ici, je lui dirai confidemment mes idées comment je crois que tout le projet funeste qu'on a conçu de la part des deux cours, sera totalement dérangé. Je vous ai déjà informé par ma dépêche d'hier2 de l'arrivée du prince héréditaire de Cassel chez moi. Je ne saurais nier que je l'ai trouvé irrité contre son père le Landgrave et en partie contre les procédés au sujet desquels il prétend avoir lieu de se plaindre. Quoique je ne saurais qu'entièrement désapprouver la conduite qu'il a eue et ses actions, je crois cependant que, vu les circonstances présentes, le meilleur moyen d'user envers lui sera de l'adoucir et de lui inspirer une certaine modération, afin de le conduire, autant qu'il dépendra de moi, à des sentiments plus tranquilles, plus raisonnables et plus patriotiques. Dès que la raison aura gagné sur lui, il ne voudra plus réclamer l'assistance des Princes catholiques-romains pour le soutenir; et sans qu'il réclame cette protection et cette assistance, il ne restera aucun titre ni prétexte aux Princes catholiques pour une levée de boucliers. Le plan donc que je me suis formé d'user à son égard, c'est de le prendre par son propre intérêt, en lui représentant que, pourvu qu'il voudrait se prêter, le cas existant du décès de son père, aux moyens violents de ceux de la religion qu'il avait adoptée, il ne ferait que rendre son pays le théâtre de la guerre et de travailler à sa ruine, au lieu que, s'il usait de douceur et
1 Vergl. S. 242.
2 Nr. 7434.