<310> sur ce qu'il avait proposé au Landgrave. Comme j'ai pris occasion de là de faire expliquer le Prince,1 il m'a fait dire qu'il m'avouait avec franchise que, vers la fin de l'année passée et lorsqu'il avait eu le dessein de se retirer de sa demeure à Hersfeld, après des intrigues et des chipoteries, il avait écrit à la princesse de Hesse-Rothenburg qu'elle pourrait écrire à Vienne que, si l'on voulait de lui dans le service d'Autriche, il accepterait le grade militaire de général d'infanterie; mais qu'aussitôt que son évasion avait été éventée et qu'il s'était réconcilié avec son père, il avait averti la princesse de Rothenburg qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui dans le service d'Autriche et qu'il était fermement résolu, depuis la réconciliation, de n'entrer jamais dans aucun service étranger [sans le consentement de son père]; que c'était la pure vérité de tout ce qui s'était passé à cet égard, et qu'il sentait bien que c'était une nouvelle intrigue et tracasserie de la cour de Vienne, qui remuait tout pour l'empêcher d'entrer dans d'autre service que le sien.

Il m'est aussi revenu d'ailleurs que, le susdit capitaine Rall s'étant fait annoncer au Prince pour lui remettre un gros paquet de lettres du général Pretlack, le Prince avait répondu qu'il ne pouvait le voir, ni accepter des lettres de lui, et qu'il ne ferait jamais aucune démarche sans le consentement de son père; de sorte que ce capitaine s'était vu obligé de retourner, sans avoir pu s'acquitter de la commission dont il avait été chargé. Voilà tout ce qui s'est passé jusqu'ici dans cette affaire, dont vous ne laisserez pas d'informer les ministres anglais.

Vous leur direz d'ailleurs de ma part que, quoiqu'il avait paru que la négociation de la cour de Vienne avec celle de France était suspendue depuis quelque temps, vu que les conférences du comte de Starhemberg avaient été beaucoup moins fréquentes que ci-devant, je venais cependant d'apprendre de très bonne main2 que ce n'était que parceque le ministère de France avait différé de s'expliquer définitivement sur les propositions de la cour de Vienne, sous prétexte qu'on ne saurait rien conclure, avant que d'avoir concerté avec l'Espagne les branches de cette négociation, surtout celles qui étaient relatives au troc des possessions des infants en Italie3 contre celles de l'Autriche en Flandre, et de Luxembourg, et qu'on n'y saurait faire aucunes démarches, avant que l'abbé de Bernis, ministre destiné à la cour de Madrid,4 ne soit arrivé en Espagne. L'on m'ajoute que la cour de France ne demandait ce délai que dans la vue de ne point prendre d'engagement pour la neutralité des Pays-Bas, avant que d'être assurée du succès de l'entreprise de Port-Mahon5 et éclaircie sur l'impression que cette opération pourrait faire sur la nation anglaise par rapport à la poursuite de la guerre. Ce que le comte de Starhemberg ayant approfondi et voulant d'ailleurs profiter des dispositions favorables de la cour de Versailles à l'égard de celle de Vienne, il pressait extrêmement à présent



1 Vergl. S. 303. 307.

2 Bericht Knyphausen's, Paris 23. April. Vergl. Nr. 7475.

3 Vergl. S. 224.

4 Vergl. Bd. XI, 315. 410.

5 Vergl. S. 285.