<387> à des arrangements à prendre, pour ne pas succomber contre un parti si formidable et supérieur. Dans le cas donc que la Russie change de parti et abandonne l'Angleterre, mon avis est que celle-ci fasse travailler d'abord par son ministre à Constantinople1 pour gagner la Porte Ottomane, afin qu'au cas que la Russie ou l'Autriche commencent à remuer, les Turcs fassent une déclaration énergique et vigoureuse aux Autrichiens et aux Russes ou qu'ils déclarent la guerre à l'une ou à l'autre de ces deux puissances, pour que nous puissions, pour ainsi dire, respirer et faire des diversions à ceux qui veulent nous accabler. D'ailleurs, je crois que, si les nouvelles, d'un concert entre la France et la Russie se confirment, il sera nécessaire que Sa Majesté Britannique augmente ses troupes au nombre de ce qu'elle a fait transporter en Angleterre, pour remplir ce vide.2
Comme aussi, en conséquence de ce que le sieur Michell m'a marqué dans ses dernières dépêches,3 le ministère britannique demande mon avis sur les princes de l'Empire qu'on saurait s'attacher par des subsides pour fournir des troupes, j'estime qu'il n'y aura rien de plus utile que de s'attacher l'électeur de Cologne,4 et comme, de plus, le traité de subsides de la France avec le duc de Brunswick va finir au mois de décembre qui vient,5 on saura avoir de celui-ci 4 à 5,000 hommes. Il y a, de plus, le landgrave de Hesse-Cassel, qui, contre une augmentation des subsides,6 saurait encore fournir un pareil nombre de troupes, outre celles qu'on en a déjà fait transporter en Angleterre. Pour ce qui regarde la Bavière, je ne sais pas si, vu la situation éloignée et confinante à l'Autriche,7 l'électeur de Bavière sera à même d'envoyer à point nommé ses troupes là où Sa Majesté Britannique le trouvera nécessaire. Quant à la Saxe, personne n'ignore presque pas que son premier ministre est autrichien de cœur et d'âme et que par là il y aura tout à risquer; que plutôt que d'en tirer aucun secours, on n'aurait qu'un allié équivoque, qui ne ménagerait pas trop bien le secret de nos concerts; pour ne pas parler ici de ses ménagements à observer envers la France, par rapport à la Dauphine,8 et de l'état extrême de faiblesse où la Saxe se trouve,9 de sorte qu'on ne saurait pas s'en promettre beaucoup d'assistance. Mais si l'Angleterre veut avoir d'autres princes de l'Empire, il y a les maisons de Gotha10 et d'Eisenach avec d'autres princes qui sauront aisément fournir quelques mille hommes.
Enfin, pour récapituler mon sentiment, je dis qu'il faudra qu'en premier lieu et principalement l'Angleterre tâche par tous les moyens convenables de se conserver la Russie, pour la défection de laquelle les Autrichiens emploient leurs efforts; car, en ce cas-là, et si l'Angleterre garde à sa disposition la Russie, nous n'aurons point à appréhender la
1 Porter.
10 Vergl. Bd. XI, 248. 249.
2 Vergl. S. 329.
3 Bericht Michell's, London 28. Mai. Vergl. Nr. 7551.
4 Vergl. S. 329.
5 Vergl. Bd. XI, 192.
6 Vergl. Bd. XI, 226.
7 Vergl. Bd. XI, 434.
8 Vergl. S. 19. 159; Bd. XI, 342. 382.
9 Vergl. S. 332; Bd. XI, 485.