<391> songer à d'autres expédients pour se soutenir contre une ligue aussi formidable et supérieure en forces, dont, à mon avis, un des plus efficaces serait de faire travailler d'abord le ministre anglais à Constantinople pour exciter l'attention de la Porte Ottomane à cet évènement et lui en inspirer de la jalousie, afin de faire une déclaration vigoureuse aux cours de Russie et de Vienne, que, dans le cas qu'elles remueraient, la Porte ne saurait voir cela d'un œil indifférent et qu'elle leur déclarerait, à l'une ou l'autre, la guerre. Vous ajouterez que je croyais cette chose indispensablement nécessaire, afin que, dans le cas que les puissances susdites voulussent nous attaquer avec des forces supérieures, nous sachions leur faire faire une diversion efficace et faire partager leurs forces, qui sans cela nous sauraient mettre dans le risque d'en être accablés.
Qu'outre cela, et dans le cas que les avis d'un concert pris entre la France et la Russie [se confirmassent], j'estimais convenable et nécessaire que le roi d'Angleterre augmentât ses troupes hanovriennes au nombre d'en remplir le vide qui y existait par celles qu'on avait fait transporter en Angleterre.1
Et comme d'ailleurs le ministère britannique demandait mon avis au sujet des princes de l'Empire qu'on saurait engager moyenannt des subsides, j'estimais qu'il n'y aurait rien de plus utile que de s'attacher l'électeur de Cologne, tant pour ses troupes que pour mettre obstacle au passage de ceux qui voudraient tenter d'envahir les États du Roi en Allemagne. Et comme le traité de subsides entre la France et le duc de Brunswick allait finir au mois de décembre qui vient,2 on saurait tirer de celui-ci 4 à 5,000 hommes; que, de plus, le landgrave de Cassel saurait sans difficulté fournir, contre une augmentation des subsides,3 encore un nombre de troupes pareil à celui qu'on avait fait transporter en Angleterre, auxquelles, si on y ajoutait les 3,000 hommes que le margrave d'Anspach4 s'était obligé de fournir, et celles des princes de Gotha, de Weimar et d'autres princes d'Empire du second ordre, on saurait aisément [avoir] un corps de 40 ou de 50,000 hommes pour s'opposer aux entreprises sur l'Hanovre. Quant à la Bavière, je craignais seulement que, vu sa situation assez éloignée et qu'elle confine à l'Autriche,5 elle ne soit pas assez à même d'envoyer d'abord et au point nommé ses troupes là où le roi d'Angleterre le trouverait nécessaire. Que, quant à la Saxe, son état de faiblesse extrême6 ne permettrait pas qu'on en sût tirer quelque avantage, pour ne pas dire que son premier ministre était autrichien à n'en pouvoir plus revenir, et que par là des engagements à prendre avec la Saxe seraient toujours fort hasardés, pour que les arrangements pris par l'Angleterre pour ses opérations contre l'ennemi ne fussent trahis, pour ne point dire que la cour de Dresde a des ménagements extrêmes à garder avec la France
1 Vergl. S. 329.
2 Vergl. Bd. XI, 192.
3 Vergl. Bd. XI, 226.
4 Vergl. Bd. XI, 391.
5 Vergl. Bd. XI, 434.
6 Vergl. S. 332; Bd. XI, 485.