Comme je n'ai point eu des nouvelles du marquis de Varenne, dont vous n'ignorez pas les instructions,1 depuis qu'il est parti de Marseille à Gênes, pour passer par mer à Smyrne, ce qui s'est fait dans le mois de février dernier,2 et qu'à la suite du temps les affaires publiques ont souffert un changement fort considérable, dont il serait très nécessaire qu'il fût informé, je ne sais cependant comment m'y prendre, pour lui faire passer sûrement de nouvelles instructions. C'est pourquoi j'ai résolu de m'adresser pour ce sujet au sieur Mtchell, auquel vous confierez préalablement les circonstances de cette mission, avec les raisons qui m'y avaient porté, et le prierez ensuite de ma part de vouloir bien envoyer ma lettre ci-jointe3 pour le sieur de Varenne en Angleterre, en requérant le ministère de vouloir bien la faire parvenir sûrement à sa direction, par la voie qu'on trouvera la plus sûre et la plus convenable. Enfin, qu'aussi on n'ait pas le moindre soupçon ni ombrage sur son contenu, voici une copie fidèle de cette lettre que vous ne manquerez pas de donner au sieur Mitchell, pour ne pas laisser aucun soupçon en arrière sur son contenu, que j'espère que, [vu] la situation où je suis avec l'Angleterre, le ministère voudra bien accompagner avec ses ordres au ministre d'Angleterre à Constantinople et à son consul à Smyrne. Et, sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
7619. AU CAPITAINE MARQUIS DE VARENNE.
Potsdam, 27 juin 1756.
Les conjonctures ayant changé du tout au tout depuis votre départ de France, il m'a semblé besoin de vous en donner connaissance. Vous saurez donc que, pour conserver la paix et la tranquillité en Allemagne, à l'occasion des troubles qui se sont élevés entre l'Angleterre et la France sur leurs possessions en Amérique, j'ai conclu une convention de neutralité d'Allemagne avec l'Angleterre, ce qui de la part de la France a été pris sur un si haut ton que le système de l'Europe s'en trouve à présent entièrement embrouillé, la France et l'Autriche venant de conclure une alliance entre elles et étant sur le point de détacher la Russie de l'Angleterre pour l'attirer dans leurs vues. Comme, pour y obvier, je prends des liaisons avec la Grande-Bretagne, ma volonté est que vous vous adressiez simplement à l'ambassadeur de cette dernière à Constantinople4 et que vous vous logiez, s'il y a moyen, chez le consul anglais à Smyrne,5 y ayant plus de convenance pour vous que de rester dans la maison du consul de France.6 Après quoi, vous écrirez à l'ambassadeur d'Angleterre à Constantinople, pour le requérir de vouloir bien vous donner son bon conseil concernant la commission
1 Vergl. Bd. XI, 488.
2 Vergl. S. 174.
3 Nr. 7619.
4 Porter.
5 Williams.
6 Vergl. Bd. XI, 423.