A.
Instruction secrète au sieur Michell à Londres.

Berlin, 4 janvier 1756.

La commission dont je vous charge, est très importante, pourquoi vous devez vous en acquitter avec la plus grande prudence. Je ne veux ni tromper les Anglais, ni n'être trompé par eux;14-1 mais comme il y a une façon de l'être en employant des termes vagues et d'une explication indéterminée, je vous enjoins surtout et je vous ordonne de ne vous relâcher en rien sur l'article secret qui regarde l'exclusion du Brabant et de la Flandre de la garantie de l'Allemagne, ni du nom d'Allemagne substitué à celui d'Empire Germanique, qui pourrait faire sousentendre le cercle de Bourgogne comme compris dans la garantie.

Il faut surtout que vous fassiez sentir aux ministres anglais que n'ayant d'autre raison pour faire ce traité que le désir que j'ai de maintenir mes États et l'Allemagne en paix, je ne voulais m'engager à rien qui pût m'entraîner dans la guerre, et que, si j'avais eu l'envie de la faire, je n'aurais jamais donné les mains à ce traité.

Quant au ménagement que le Roi veut garder pour tenir ce traité secret,14-2 ce sont des choses qui me sont entièrement égales. Qu'il envoie un ministre, qu'il n'en envoie point, il lui est libre sur cela de faire ce qu'il trouve à propos; mais quant à l'étendue de la garantie, je ne prétends pas que sous aucun prétexte on puisse l'étendre au delà des possessions du Roi en Allemagne.14-3

<15>

Vous leur direz d'ailleurs que, quant à l'article secret que j'ai joint au traité, il ne contient rien qui doit les étonner, ni même dont l'Impératrice-Reine peut se plaindre, à cause que dans le traité de Breslau et dans celui de Dresde je n'ai étendu ma garantie que sur ses possessions en Allemagne,15-1 en excluant l'Italie et la Flandre,15-2 et comme je ne demandais pas des garanties à la Reine-Imperatrice, il était juste que je ne lui en donnasse point.



14-1 Vergl. Bd. XI, 414.

14-2 Vergl. S. 4.

14-3 In einem eigenhändigen ersten Entwurfe des Königs „Instruction à Michell“ folgen hier die in der Ausfertigung fortgelassenen Sätze: „Je peux être ami du roi d'Angleterre, mais je ne peux jamais l'être de l'Impératrice. Je ne lui demande aucune garantie, ni ne lui en donnerai de même. Vous pouvez encore par manière de discours faire observer au ministère d'Angleterre que je lui rends un grand service en le soulageant par ce traité des énormes subsides qu'il aurait été obligé de payer aux Moscovites, et qui n'auraient cependant pas préservé l'électorat d'Hanovre de sa ruine; vous lui ferez remarquer encore qu'il est payé d'ingratitude par la cour de Vienne, pour laquelle il a tout sacrifié durant la dernière guerre, et qu'il est bon dans plus d'une occasion d'avoir plus d'une corde à son arc, qu'il peut arriver que cette cour arrogante se sépare tout-à-fait d'eux, et qu'alors ils seront bien aises de trouver dans l'Empire un allié qui soit en état de leur Tendre les services que je peux leur rendre.“ Die folgenden Worte „Vous leur direz“ bis „et la Flandre“ sind in diesem eigenhändigen ersten Entwürfe nachträglich, hinter einem Schlussstriche, hinzugefügt.

15-1 Vergl. Bd. V, 166 Anm. 3.

15-2 Das folgende fehlt in dem ersten Entwurfe.