7199. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Paris 5. Januar: „Les motifs qui ont déterminé la cour de France à se porter à la démarche qu'elle vient de faire vis-à-vis de la Grande-Bretagne,37-1 … sont, primo, que la France, avant que d'entreprendre aucune démarche offensive contre l'Angleterre, a voulu constater par un acte public et authentique qu'elle avait épuisé les voies de la douceur et de la modération et qu'elle se trouvait forcée à une légitime défense … Secundo : il semble que la France, à moins qu'elle ne voulût se trouver en contradiction avec elle-même et condamner par ses actions la modération avec laquelle elle s'est comportée jusqu'à présent visà-vis de l'Angleterre, avait besoin d'un prétexte pour sortir de son inaction, afin de faire croire à l'Europe qu'elle était arrivée au terme ou elle se proposait de faire éclater son juste ressentiment#133; Je vais faire quelques réflexions sur le contenu de l'acte et sur les démarches qu'elle pourrait occasionner. Le style dans lequel il est conçu, a au premier aspect l'empreinte de la fermeté; mais tout y indique implicitement le désir dont la France continue d'être animée pour le maintien de la paix. Si on eût voulu donner au roi d'Angleterre une alternative stricte entre la paix et la guerre, comme on aurait dû le faire dans un écrit de cette nature, ne fallait-il pas faire marcher d'un pas égal la restitution des prises avec la satisfaction que la cour de France a droit d'exiger? n'était-il pas même conforme à la dignité du Roi de ne mettre aucun intervalle entre ces deux demandes, et ne devait-elle pas se trouver blessée de voir séparé par la plus petite disjonction l'ouvrage de la satisfaction? C'était à l'Angleterre, si elle eût voulu renouer la négociation, à établir cette distinction, et bien des personnes pensent qu'il ne convenait pas à la France à en faire la proposition; mais ce vol était trop élevé pour un ministère aussi pacifique que l'est celui de France, et sa modération ne lui a pas permis de prendre un essor aussi considérable … Quant aux affaires qui

Berlin, 17 janvier 1756.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 5 de ce mois, au sujet duquel je suis bien aise de vous dire que je l'ai trouvé parfaitement à mon gré et conçu de manière que je le saurais souhaiter, tant pour le détail que vous y avez fait entrer, que pour les raisonnements que vous y avez mêlés fort judicieusement.

Comme les gazettes publiques nous ont annoncé les bruits qui courent, que le prince Édouard était arrivé depuis peu à Paris et que, malgré son incognito, il se faisait voir quelquefois dans le public, je voudrais bien savoir de vous si ces bruits ont quelque fondement ou non.

Voilà ici depuis quatre jours le duc de Nivernois, qui jusqu'à présent ne s'est expliqué sur ses commissions qu'en termes généraux,37-2 mais, ne doutant pas qu'il n'entre au plus tôt dans plus de détails, j'aurai soin de vous en faire instruire exactement.

Au surplus, quoique nous n'ayons point de nouvelles encore sur l'impression que le mémoire ou la déclaration que le ministère de France a fait faire aux Anglais, pour réclamer les vaisseaux pris sur les Français, a faite, je suis cependant bien aise de vous dire que j'ai cru cette occasion convenable pour faire des remontrances, par mon chargé d'affaires à Londres, aux ministres anglais37-3 et les sonder s'ils ne trouvaient cette occasion-là

pourraient résulter de la démarche de la part de France, la déclaration devrait elle-même les dicter, si le ministère était constant dans sa conduite et ferme dans les résolutions qu'il prend; mais, comme il n'a aucune de ces qualités et qu'il est sujet à vaciller dans ses décisions,38-1 il m'est impossible de les indiquer à Votre Majesté avec certitude et précision … Je crois que, pourvu que la réponse qu'on attend de la part de l'Angleterre, soit conçue en termes convenables et qu'elle ne renferme point un refus absolu sur l'article de la restitution des prises, on n'aura nulle répugnance ici d'entrer en explication avec cette cour et de s'ouvrir sur les propositions y énoncées, mais que, supposé que le roi d'Angleterre coupe par un refus absolu la retraite que la cour de France paraît avoir voulu se ménager pour renouer la négociation, il y a apparence qu'on procédera alors à toutes les démarches préliminaires par lesquelles on a coutume d'ouvrir la guerre … Je ne m'étends point ici sur le genre de satisfaction sur lequel on voudra insister, au cas que l'Angleterre consente à restituer les vaisseaux qu'on réclame. Il s'en faut de beaucoup que le ministère de France, qui n'est accoutumé à se déterminer que lorqu'il y est forcé par les conjonctures, ait pris à ce sujet une résolution fixe et certaine … Il est certain qu'on se flatte ici que la fougue dont la nation anglaise a été animée pour la guerre,38-2 est considérablement tempérée, et que ses yeux commencent à s'ouvrir sur le danger et les inconvénients du parti auquel elle s'est livrée. Aussi, soit que cette espérance ait redoublé le courage du ministère de France, soit qu'il croie que cette démarche répare l'inaction dans laquelle il a longtemps langui, il est sûr qu'il a apporté beaucoup de soulagement à son inquiétude, et il règne une grande sérénité à Versailles depuis l'envoi de cette déclaration.“

convenable pour s'expliquer de manière que la paix se puisse rétablir encore, à quoi mondit chargé d'affaires ajoutera que, si le ministère anglais avait peut-être de la répugnance de s'expliquer là-dessus directement à la France et qu'il voulût me confier quelques propositions à ce sujet, je ne refuserais pas d'en faire ouverture à celle-ci avec toute la bonne foi et droiture requise, afin de voir s'il n'y avait pas moyen de pacifier encore les choses et de prévenir une funeste guerre. Vous ne manquerez pas de chercher quelque occasion convenable pour parler à M. de Rouillé de ceci, et lui ferez valoir en même la droiture de mes intentions, et que nous verrions au moins par là ce qu'on aurait à attendre de la part de l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.

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37-1 Vergl. S. 32—34.

37-2 Vergl. Nr. 7204 S. 42.

37-3 Vergl. Nr. 7198.

38-1 Vergl. Bd. XI, 479.

38-2 Vergl. Bd. XI, 104.