7247. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 6 février 1756.

Le rapport que vous m'avez fait du 28 de janvier, m'a été fidèlement rendu. Comme je vous ai déjà mis au fait par mes lettres précédentes82-1 de ce qui regarde la convention de neutralité du Saint-Empire que j'ai faite avec le roi d'Angleterre, c'est à présent que je crois que vous aurez la meilleure occasion du monde pour pénétrer à fond les dispositions où sont les deux cours de Vienne et de Londres vis-à-vis entre elles; ainsi mon intention est, et je vous en prie même, que vous observiez avec la dernière exactitude la contenance que tiendront les ministres de la cour où vous êtes, et celle encore du sieur Keith, si les ministres autrichiens éclateront ou s'ils dissimuleront, et les mesures qu'ils prendront, et de mander jusqu'aux moindres circonstances tous les mouvements que ladite convention a opérés parmi toutes les parties qui y sont intéressées.

Quant à l'objet de la commission du prince de Czartoryski à Vienne,82-2 je ne crois pas qu'il soit d'une aussi grande étendue que vous le présumez, et je doute que, dans les circonstances présentes, la cour où vous êtes [veuille] développer d'aussi grands desseins, qui ne sauraient que de lui attirer la jalousie de tout le monde, même de ses alliés et amis les plus intimes; je présume plutôt que la maison de Czartoryski, après avoir beaucoup diminué d'autorité et de crédit,82-3 voudrait bien chercher de la rétablir au moyen d'un ministre autrichien à Varsovie, pour en être appuyée dans ses vues; ce qui, cependant, ne doit point empêcher d'observer les menées des Autrichiens avec le susdit Prince.

Au reste, [vous recevrez] les nouveaux chiffres pour votre correspondance immédiate avec moi, que je vous envoie par la voie que vous l'avez souhaité,82-4 et par laquelle vous pourrez me faire parvenir tout ce que vous avez de secret à me mander, vu qu'il vous sera libre de garder auprès de vous le porteur de cette lettre, pendant tout le temps que vous le trouverez nécessaire.

Federic.

P. S.82-5

Pour ce qui regarde encore la convention de neutralité de l'Empire que je viens de conclure avec l'Angleterre, et dont je vous ai déjà instruit par mes lettres précédentes, j'ai bien voulu ajouter à ce sujet que, lorsqu'on viendra à vous en parler, vous déclarerez qu'un de<83> mes principaux soins ayant toujours été de prendre fortement à cœur la paix et la tranquillité de l'Allemagne, ma patrie, et la conservation de sa constitution et d'en détourner par conséquence, autant qu'il m'est possible, les orages qui sauraient fondre sur elle, j'y avais pensé plus que jamais dans la situation critique où se trouvent actuellement les affaires générales; et ayant trouvé Sa Majesté Britannique animée des mêmes sentiments et du même désir, nous nous étions concertés ensemble sur les mesures les plus efficaces à prendre pour obtenir une fin aussi salutaire, et que c'était en conséquence que nous venions de conclure une convention de neutralité pour l'Empire, en nous engageant réciproquement de ne pas permettre que des troupes étrangères, de quelle nation qu'elles sauraient être, y entrassent ou passassent.

Quant au sieur d'Aubeterre, vous devez lui déclarer pour son particulier qu'ayant arrêté cette convention, je n'avais rien fait qui saurait être contraire aux engagements où j'étais avec la France, bien entendu que mon traité avec elle n'était que purement et simplement défensif et ne garantissait que ses possessions européennes, en excluant expressément celles des Indes, qui étaient cependant à présent l'unique objet des troubles entre la France et l'Angleterre,83-1 et qu'au surplus la convention susdite ne m'empêchait en rien de conserver mes autres engagements avec la France et de renouveler même mon traité avec elle,83-2 qui était sur le point d'expirer.

Nach dem Concept.



82-1 Nr. 7232. 7238.

82-2 Klinggräffen hatte, Wien 28. Januar, den Aufenthalt des jungen Fürsten Adam Czartoryski in Wien gemeldet und dazu bemerkt: „Je soupçonne qu'on pourrait peut-être prendre des arrangements pour la succession en Pologne entre les deux cours impériales, la Pologne et l'Angleterre.

82-3 Vergl. Bd. X, 453. 454; XI, 135. 196.

82-4 Vergl. S. 74. 75.

82-5 Der erste Absatz des P. S. wurde unchiffrirt ausgefertigt.

83-1 Vergl. S. 49.

83-2 Vergl. S. 72.