7426. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 13 avril 1756.

Votre dépêche du 2 de ce mois m'est heureusement parvenue. Bien que je convienne avec vous que, selon toutes les apparences, le principal objet des négociations entre les cours de France et de Vienne ne roule que sur une neutralité des Pays-Bas et sur les affaires de l'Italie,264-5 je ne veux cependant pas vous laisser ignorer un avis qui m'est venu de très bon lieu,264-6 quoique je ne vous le confie que pour votre direction seule et sous le sceau du secret, en conséquence duquel la France de concert avec la cour de Vienne doit avoir formé le projet de bouleverser tous les arrangements pris par le landgrave de Hesse-Cassel pour le maintien de la religion protestante dans ce pays après son décès, et que le plan était d'amasser un corps de troupes dans l'évêché de Paderborn à la première nouvelle qu'on aurait que la vie<265> du Landgrave tirait à sa fin, sous la qualification de garantie des privilèges de l'Empire et du traité de Westphalie, afin de soutenir le susdit projet et d'avoir l'occasion d'attiser le feu de la guerre en Allemagne selon la convenance des deux cours et quand elles le trouveront à propos. Quoique je ne veux point encore garantir tout-à-fait l'authenticité de cet avis, il mérite cependant que vous y fassiez attention, afin d'approfondir, adroitement et sans vous faire remarquer, ce qui en peut être. En attendant, je ne veux point vous dissimuler qu'il me paraît être assez vraisemblable qu'un tel projet peut être un article des chipotages entre les deux cours, quand je combine l'envoi du général Pretlack de la part de la cour de Vienne à Cassel et ses commissions265-1 avec ce que la France a fait apparaître jusqu'ici des sentiments sur les arrangements pris par le landgrave régnant de Cassel à ce sujet.265-2

Au surplus, malgré toute la bonne volonté où je suis de renouveler mon alliance avec la France,265-3 il faut cependant que je sois préalablement bien informé et assuré des mesures que la France prend avec les Autrichiens, et qu'elles ne sont ni directement ni indirectement contraires à mes intérêts, car, dans le cas du contraire, il n'y aurait pas moyen d'y songer.

Du reste, je veux bien vous informer que peut-être le prince héréditaire de Cassel pourrait venir de son propre gré et avec l'agrément de son père à Berlin pour y séjourner quelque temps,265-4 ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule, afin que, si la chose arrive, vous soyez instruit que c'est aux instances même du Prince que j'ai agréé à ce séjour.

Federic.

Nach dem Concept.



264-5 Vergl. S. 240.

264-6 Bericht Michell's, London 2. April. Vergl. Nr. 7424.

265-1 Vergl. S. 243.

265-2 Vergl. Bd. XI, 143. 172.

265-3 Vergl. S. 160.

265-4 Vergl. S. 251.