7460. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.
Schreiben der Königin von Schweden „le 13 avril 1756“ : „Quelque douloureuse que soit la position où je me trouve, j'en ai senti augmenter l'amertume par les reproches que renferme votre lettre.295-4 Si j'ai à me faire des reproches, ce n'est assurément pas d'avoir négligé vos conseils. Vous vous rappellerez sans doute avec quel empressement je me suis prêtée à la démarche que vous exigeâtes de moi par rapport à un raccommodement avec l'ambassadeur de France,295-5 qui, au lieu de répondre à mes intentions et aux espérances qu'il me fit entrevoir, trahit la conversation et me rendit la victime de ma crédulité. La complaisance que j'eus d'entrer en vos vues en tâchant de gagner le sénateur Hœpken, ne fut pas moins infructueuse, puisqu'oubliant ses protestations de vouloir s'employer au bien général, il travailla avec zèle à la publication d'un libelle contre le Roi. Vous vous souviendrez encore du peu d'avantage que l'on a tiré du procédé généreux à l'égard du comte Tessin,295-6 qui, au lieu d'y être sensible, s'en est vengé d'une façon inouïe sur toutes les personnes attachées au Prince royal.295-7 Le mauvais état des affaires n'est donc ni un effet de mon indocilité, ni de la trop grande extension que le Roi a voulu donner à son pouvoir; satisfait de celui que les lois lui adjugent, il n'a cherché qu'à revendiquer les mêmes droits dont son prédécesseur a jouï sans interruption. Sa gloire et le bien de son royaume étaient des motifs assez puissants pour l'y engager, sans qu'il ait dû s'y laisser entraîner par des gens dont les efforts ont à la vérité manqué d'être utiles, mais dont l'intégrité ne saurait être suspecte. Les persécutions auxquelles ils se sont exposés gratuitement, garantissent de leur fidélité et du fond qu'on pourra toujours y faire. Si, pour les soutenir, j'avais eu 100,000 écus à ma disposition, tout m'aurait assuré un succès certain.295-8 Cette ressource m'ayant manqué, c'est à ce seul incident que je dois attribuer les malheurs qui m'environnent, et dont vous ne pourrez vous faire qu'une idée très imparfaite. Représentez-vous un beau-frère et une soeur qui vous sont attachés, dans l'oppression la plus cruelle, auxquels on refuse leurs droits, la disposition de leurs enfants, et jugez des égards qu'exige la bienséance. Figurezvous leurs droits en proie aux factions les plus violentes, le pouvoir absolu entre les<296> mains du Sénat, un parti gagné à force d'argent et formé par la lie de la nation, persécutant sans ménagement tout ce qui porte un nom et qui connaît son devoir; voilà l'état actuel de la Suède. Voilà la situation où je suis réduite, accablante sans doute, à moins que vous ne l'envisagiez qu'avec cette sensibilité que je vous ai toujours connue pour moi. Si je ne puis réussir à l'intéresser en ma faveur, je saurai supporter avec fermeté tous les revers de la Fortune, et je suis prête à m'exposer à tout ce qui pourra m'arriver, plutôt que de m'abandonner à la discrétion d'un parti insensible aux bienfaits dont je l'ai accablé, et depuis longtemps sourd à la voix de la raison et de l'humanité.“
[Potsdam, 27 avril 1756.]
Dès que j'ai vu la désunion qui commençait à paraître entre le Roi et le Sénat, j'ai cru de travailler au bien commun en tâchant de rapprocher les esprits et en essayant de les conseiller; mais je ne vous ai jamais conseillé de dire votre secret à l'ambassadeur de France ni à personne, au contraire, je crois vous avoir dit plus d'une fois qu'il fallait dissimuler et cacher vos desseins pour les faire réussir. Mais pour vous montrer que vous vous cachez trop peu et que vous vous confiez souvent très légèrement à des personnes qui vous trahissent, je vous envoie l'instruction que vous avez donnée au comte Horn.296-1 J'ai toutes les autres pièces en main, mais celle-ci vous convaincra que vous ne prenez pas assez de mesures pour cacher vos desseins, et que par conséquent il n'est pas étonnant qu'un sénat jaloux de ses droits, et qui s'est vu à la veille d'être massacré, ne prenne des précautions contre ceux qui en veulent à son autorité et à sa vie. Je ne prends point pour cela la défense du Sénat en main, au contraire, je le blâme d'avoir eu la dureté de placer des gens auprès de votre fils contre votre aveu; j'ai été indigné en apprenant la députation qu'il vous a faite au sujet des diamants de la couronne.296-2 Il y a plus d'un moyen pour intimider le Sénat et le mettre à la raison; j'agis de ma part, je fais parler à Stockholm et Berlin,296-3 et si cela ne suffit pas, je ne m'en tiendrai pas là, mais j'agirai plus fortement, et vous verrez que je m'intéresse, plus que vous ne le pensez, à votre personne. Mais vous ne devez pas croire que jamais j'adhère à des voies de fait et à des scènes ensanglantées; je crois que l'ambition a des voies permises pour parvenir à ses fins, et que dans chaque gouvernement il faut s'en tenir aux lois, à moins qu'on ne soit le plus fort, et que rarement la violence est le moyen le plus sûr de réussir. Machiavel dit qu'il faut revêtir la peau de renard, lorsqu'il n'est pas séant de se servir de celle de lion. Je ne vous parle d'ailleurs point du parti du Sénat, que vous traitez de misérables, je ne vois cependant que Wrangel et un homme d'un nom peu connu qui ont été engagés dans la dernière équipée.296-4 Pour Dieu, pour votre conservation, pour celle de vos<297> enfants qui vous doit être précieuse, prenez des sentiments plus-modérés et, quoique vous ayez lieu de vous plaindre, dissimulez davantage et ne prenez pas des affaires avec hauteur que votre situation présente ne vous permet pas de soutenir, et souvenez-vous, je vous en conjure, qu'on ne doit employer la force que lorsque la ruse n'a plus lieu.
Federic.
Instruction du comte de Horn de la propre main du roi de Suède.
„Mon colonel, le comte de Horn, avec la connaissance qu'il a de mes intentions et son zèle pour mon service, aura soin de témoigner premièrement à Sa Majesté Impériale de toutes les Russies mon inclination invariable de conserver la paix et la bonne intelligence entre les deux couronnes, la haute estime que j'ai pour Sa Majesté Impériale, mon désir de cultiver précieusement son amitié, et combien je déteste la noirceur de ceux qui ont voulu travailler à en interrompre la continuation. Secundo, il tâchera d'effacer les mauvaises impressions qu'on a voulu donner à l'Impératrice, comme si j'aspirais à un pouvoir contraire aux lois de mon royaume, préjudiciable à la liberté de mes sujets et au repos du Nord; calomnies d'autant plus atroces, que j'ai toujours eu en horreur tout ce qui est contraire au vrai bien de mes sujets et à la foi des engagements que j'ai si solennellement contractés, ne souhaitant uniquement que de conserver inviolablement les constitutions du royaume et de défendre tant mes droits légitimes que ceux de la nation contre un parti assez puissant et assez hardi pour oser également empiéter sur tous les deux. En troisième lieu, comme les intérêts de mon frère, l'évêque de Lübeck, me tiennent fort à cœur, et que je connais la bienveillance de Sa Majesté Impériale pour lui et toute ma maison, le comte de Horn est chargé de s'intéresser avec empressement dans les affaires et sollicitations dudit Prince et de les appuyer autant que possible; en quoi j'espère qu'il trouvera la protection de Leurs Altesses Impériales, lesquelles il assurera très particulièrement de toute mon estime et d'une tendresse digne des liens du sang qui nous unissent. Quarto, je suis persuadé que vous sentez assez combien le secret est indispensablement nécessaire dans cette négociation et que pour cette raison ce n'est uniquement qu'à Sa Majesté Impériale et à Leurs Altesses que vous avez à faire une entière ouverture de mes sentiments et de ne vous adresser qu'au grand-chancelier Bestushew, pour la personne de qui je n'ai pas moins d'estime que de confiance. En cinquième lieu, malgré toutes les oppositions des mal-intentionnés, j'ai toujours considéré l'amitié de mon oncle, le roi d'Angleterre, comme fort avantageuse à ma maison et à ma couronne. J'ai toujours souhaité une occasion favorable pour faire cesser les froideurs que Von a voulu semer entre nous, en ayant déjà auparavant fait, quoiqu'infructueusement, l'ouverture dans mon Sénat, et comme il y a à Pétersbourg un ministre de la cour britannique, vous trouverez peut-être le moyen de vous ménager avec lui quelques pourparlers sur les mesures à prendre pour ramener entre nos royaumes cette bonne intelligence si nécessaire au repos du Nord et si conforme à mes propres désirs. A Ulrichsdahl, ce 9 de janvier 1756.“
Nach dem eigenhändigen Concept. Die Beilage nach der von Maltzahn, Dresden 9. April, übersandten Abschrift aus dem Berichte Funcke's an Brühl vom 21. Februar. Vergl. S. 269.
<298>295-4 Vergl. Nr. 7390.
295-5 Vergl. S. 245.
295-6 Vergl. Bd. X, 257. 258.
295-7 Vergl. S. 211.
295-8 Vergl. S. 255.
296-1 Vergl. S. 269.
296-2 Vergl. Nr. 7461.
296-3 Vergl. Nr. 7456. 7461 und 7457.
296-4 Der Baron Erich Wrangel (vergl. S. 245) wurde von der Senatspartei verfolgt, weil er ein Complott gegen die Verfassung angestiftet haben sollte. Die Königin hatte, nach dem Berichte des Grafen Solms' vom 23. März, ihm, dem preussischen Gesandten, darüber gesagt: „Que le crime [du baron Wrangel] n'était pas celui qu'on disait dans le parti dominant, mais uniquement celui d'avoir voulu sauver Silfverhielm. La Reine me disait à cette occasion qu'elle était sûre que le parti avait été dans l'intrigue de le faire sortir de la prison, que leur intention avait été de le prendre dans la maison de Wrangel avec lui, et que je verrai qu'on ne ferait rien ni à lui ni aux bas-officiers arrêtés pour l'avoir laissé échapper.“