7611. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 16. Juni, über eine Unterredung mit dem sardinischen Gesandten464-1 in Betreff des versailler Vertrages: „Il en tire une bonne conséquence, savoir la conservation de la paix; mais je crois que l'accession de la Russie, dont on se vante toujours hautement ici, pourra donner une autre face à ces traités, matière dans laquelle je n'ai point cru devoir entrer avec lui. II se flatte de plus que l'Espagne restera dans sa neutralité. Tout le monde n'en est pas également persuadé Il règne, au reste, un mécontentement général dans le pays, depuis que les sujets de tout caractère sont informés de l'existence réelle des nouveaux traités, dont presque tout le monde avait encore douté.
P. S. Plusieurs de mes précédentes auront appris à Votre Majesté qu'on a envoyé de l'artillerie d'ici, pour en garnir la forteresse d'OImütz. Cela se continue successivement et on y envoie, entre autres, vingt canons de Presbourg. Le prince de Lichtenstein eut hier une longue audience de Leurs Majestés Impériales, et il partira pour la Bohême, afin de mettre la dernière main à l'arrangement de l'artillerie. Il pourrait bien, après cela, faire un tour par la Bohême et la Moravie, pour reconnaître la situation de ces pays-là. Tous ces arrangements font craindre dans le public une guerre prochaine avec Votre Majesté. Lorsque je me rappelle tout ce que, depuis plusieurs mois, on a fait ici de préparatifs, pour mettre le militaire en état en tout sens, dont je n'ai pas manqué de rendre compte, je suis assez porté à y ajouter foi. Ce qui m'y détermine encore davantage, c'est qu'il m'est revenu, il y a deux jours, de bon lieu, mais dont Votre Majesté peut beaucoup mieux être informée, que je le puis ici, savoir, que, Votre Majesté ayant demandé à la France le renouvellement de Son traité pour la garantie de la Silésie, cette couronne le Lui avait refusé; ce qui relève ici le parti du comte Kaunitz et lui donne une grande satisfaction. De plus, je remarquai hier que le maréchal de Neipperg, ce qu'on n'avait point encore vu et ce qui surprit bien du monde, se trouva chez le comte Kaunitz dans un entretien mystérieux, auquel le prince de Lichtenstein se joignit ensuite avec le comte d'Aubeterre. Cette conversation me parut un arrangement pour concerter un plan d'opération, par les démonstrations qu'ils firent avec les doigts. Le comte Haugwitz s'y joignit après quelques heures; alors le comte d'Aubeterre n'y fut plus. Il s'y sera sans doute agi d'argent; car on fait de nouveaux impôts tous les jours. En attendant, les régiments de cavalerie en Hongrie, pour former les deux camps dont j'ai rendu compte, n'ont, selon plusieurs bons avis, point encore d'ordre de se mettre en marche; mais un tel ordre peut partir tous les jours.“
Potsdam, 26 juin 1756.
J'ai reçu votre dépêche du 16 de ce mois, et il me paraît que vous avez raison en tout sens dans les suppositions que vous y faites, et surtout dans celles que renferme le post-scriptum de ladite dépêche. J'ai donné ordre464-2 à mes ministres de vous informer circonstanciellement des noises que nous cherche la cour de Vienne à l'occasion du secrétaire qui s'est évadé du comte Puebla.
Il est facile de s'apercevoir que ladite cour se propose de saisir ce mince et chétif évènement pour en pallier la rupture qu'elle médite de longue main de faire éclater contre moi, et pour rappeler le comte Puebla de ma cour.
Il faudra donc que de votre côté vous ayez un pied à l'étrier, afin qu'au cas que, comme les apparences le font conjecturer, la mauvaise<465> volonté de la cour où vous êtes se manifestât plus clairement, vous puissiez aussi d'abord partir de Vienne, en déposant et en consignant en pareil cas à la fidèle garde du ministre anglais, le sieur Keith, toutes les archives d'ambassade qui se trouvent sous votre main.
Federic.
Nach dem Concept.
464-1 Canales. Vergl. S. 334.
464-2 Vergl. Nr. 7605.