7625. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

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Klinggräffen berichtet, Wien 19. Juni: „Mes dépêches précédentes auront appris [à Votre Majesté] que cette courci se vante toujours que la Russie est entièrement dans ses vues.478-1 Par conséquent, c'est cette dernière qui sera invitée à l'accession [au traité de Versailles], et par la même raison la Saxe suivra, et comme la Russie a fini ses engagements avec l'Angleterre — c'est du moins ainsi qu'on le débite dans de bons lieux — ce sera l'Espagne qui paiera des subsides à la première.478-2 Malgré toutes ces plausibles apparences que la Russie est gagnée pour le parti d'ici et de la France, il y en a encore qui se flattent que ce n'est qu'un jeu que cette démonstration de la Russie, afin d'engager l'Angleterre à lui faire des subsides plus forts, cette dernière pouvant d'ailleurs lui porter un coup trop sensible à son commerce pour se brouiller avec elle. Je doute qu'on puisse se fonder sur ce sentiment, car il semble

Potsdam, 29 juin 1756.

J'ai bien reçu votre rapport du 19 de ce mois et suis bien content de l'attention que vous employez pour m'informer exactement du tout ce qui vient à votre connaissance relativement aux conjonctures présentes. Mais ce qui me fâche en tout ceci, c'est la grande incertitude qu'il y a dans toutes ces affaires, et qu'on ne sache pas pénétrer à quoi elles aboutiront. A Berlin, on débite publiquement dans la maison du comte Puebla qu'il aurait en peu son rappel;478-3 si cela arrive, vous pouvez bien vous imaginer que je ne vous laisserai pas un moment au delà à Vienne et que vous aurez

que les choses sont déjà trop avancées. Si tout se vérifie, l'Angleterre a été bien mal menée par cette puissance et par l'Espagne, dont le ministre479-1 est toujours extérieusement mieux avec le comte Kaunitz qu'il ne l'a été ci-devant … Au reste, je n'ai jamais douté, ainsi que je l'ai marqué, que la France n'eût encore du dessein sur l'Hanovre, et par conséquent qu'il n'y ait peut-être un concert entre cette cour-ci et la France, pour épauler alors la première dans ses desseins sur la Silésie; car il semble qu'on ne pense plus sérieusement à une descente en Angleterre479-2... Il m'est survenu un avis de bon lieu, savoir qu'on se flattait ici que Votre Majesté, inquiète et peut-être mise de mauvaise humeur, Se lasserait de tous ces préparatifs qu'on ferait de ce côté-ci, qu'ils veulent toujours faire passer pour des précautions, et attaquerait la première, ce qui les mettrait ici à leur aise et déterminerait leurs alliés pour un prompt secours, sur quoi Votre Majesté saura assez prendre Son parti. Quant aux finances d'ici pour une guerre, non seulement moi, mais bien d'autres qui, avec de fortes sommes, ont suivi les choses, sont du sentiment, ainsi que je l'ai ci-devant marqué quelquefois, qu'elles ne passent guère l'entretien ordinaire du militaire et du civil, l'entretien de la cour et les extraordinaires.“

incontinent vos ordres de partir de façon égale de Vienne que le susdit ministre l'aura fait à Berlin; dans ce cas-là, vous disposerez le sieur Keith de s'arranger avec le ministre d'Angleterre ici, le sieur Mitchell, pour lui donner des nouvelles sur tous les arrangements militaires ou d'autres qui se font là-bas, pour que je sois au moins tant soit peu au fait de ce qui se brasse et de ce qui se prépare là.

Quant aux affaires de Russie, mes lettres me laissent également dans la même incertitude. L'on me marque479-3 qu'on venait de retirer les régiments qui avaient été postés jusqu'à présent aux frontières de la Finlande, qu'on relevait par des miliciens, se croyant assuré qu'on n'aurait guère plus à craindre là de la Suède, et qu'on envoyait ces troupes encore en Livonie, auxquelles on préparait les chariots de bagage et d'ammunition; avec cela, on ajoute qu'on assurait à Pétersbourg qu'il y avait des ordres donnés à ces régiments de faire halte à leur marche, qu'on faisait revenir d'autres encore de la Livonie, et que, bien que tous les généraux en chef fussent présents, on ne remarquait pas qu'ils fissent la moindre disposition pour aller commander l'armée en Livonie. Tous ces différents avis, qui en partie sont contradictoires l'un à l'autre, me tiennent dans une incertitude bien gênante.

En attendant, je ne néglige pas de prendre mes précautions, pour me mettre au moins dans un bon état de défensive, et c'est à cette fin que j'ai donné mes ordres à quelques-uns de mes régiments d'avancer dans la Poméranie. Je prends de même mes mesures ici afin de me mettre en état d'être prêt là où les évènements le demanderont, et je fais marquer actuellement un camp pour 20,000 hommes aux frontières de Halberstadt,479-4 si les circonstances l'exigent d'y assembler un corps pareil de troupes. Au reste, vous continuerez d'avoir l'attention la plus

 

scrupuleuse sur tout ce qui se fait d'arrangementsmilitaires là où vous êtes, afin de ne pas m'en laisser rien ignorer.

Federic.

Nach dem Concept.



478-1 Vergl. S. 422. 440.

478-2 Vergl. S. 440.

478-3 Vergl. S. 464.

479-1 Graf von Torre-Palma.

479-2 Vergl. S. 418.

479-3 Intercipirter Bericht Swart's an die Generalstaaten, Petersburg 12. Juni.

479-4 Vergl. S. 469.