<167> Prague, le Maréchal pourra alors, en rassemblant ses hussards et ses dragons, s'avancer sur la Haute-Silésie et pousser jusqu'à Jägerndorf et Troppau.
Pendant que la guerre réside du côté de Schweidnitz, le Maréchal pourra se servir du major Enbers, officier capable, qui a levé la carte des montagnes, qui en connaît tous les camps et toutes les avenues, et qui peut lui fournir toutes les notions dont il a besoin pour ses entreprises. Si la guerre se transporte en Moravie, le Maréchal peut se servir du capitaine Giese de Breslau; il connaît la Haute-Silésie, les deux rives de l'Oder, la Hotzenplotz et toute la Pologne jusqu'à Cracovie, c'est d'ailleurs un habile garçon et capable de choisir des camps tels que le Maréchal les voudra.
Le corps réglé de troupes qui s'assemble en Moravie, consiste en 20,000 hommes; on parle de 12,000 Hongrois qui doivent s'assembler auprès de la Jablunka, pour pénétrer par là en Silésie. Tout ceci empêche le Maréchal de pénétrer en Moravie, son attention principale se borne à couvrir les forteresses et le plat pays contre les incursions ennemies. Si la grande armée autrichienne envoie des secours à Piccolomini, je vous enverrai à proportion des détachements de mon armée. Si le Maréchal se trouve obligé de faire quelque gros détachement vers Glatz, il le confiera au général Fouqué; si c'est vers Cosel, il en donnera le commandement au général Hautcharmoy; s'il n'a que des commandements de généraux majors à donner, il ne se servira dans l'infanterie que de Treskow et de Brandes; les autres sont d'honnêtes gens, mais ils manquent d'expérience. Si ce sont des détachements de cavalerie, le prince Schönaich est bon pour de gros corps, Wartenberg pour de moindres. Les généraux majors de la cavalerie ne sont pas faits pour conduire des détachements, ainsi s'il en envoie, il faut les choisir de façon qu'ils se trouvent sous les ordres de Wartenberg.
Comme un de vos objets principaux est de couvrir le pays, vous aurez l'œil que les Hongrois qui viendront par la Jablunka, ne pénétrent pas au delà de Rosenberg, il faut couvrir Namslau; on risquerait trop, si on les laissait pénétrer plus en avant.
Cette année-ci, on se croit en sûreté contre les entreprises des Russes;1 il est à croire qu'ils se mettront en marche le printemps qui vient. Dès que j'en aurai nouvelle, je renforcerai l'armée du Maréchal de 15 à 20 bataillons; si, alors, la Silésie se trouvait menacée de ces troupes, je crois que leur intention sera de se joindre au corps de Piccolomini; pour les empêcher d'exécuter ce projet, le Maréchal pourvoira bien d'infanterie toutes les places fortes et y laissera des commandants, et alors il peut avec son armée aller une ou deux marches en Pologne à la rencontre des Russes, pour les battre avant leur jonction, et revenir ensuite sur ses pas en Silésie, dont il rechassera promptement Piccolomini, au cas qu'il y soit entré.
1 Vergl. S. 15. 41. 105. 114. 115.