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que Sa Majesté Prussienne avait offert au roi de Danemark de le mettre en possession du duché de Holstein-Kiel, sous prétexte, dit-on, que Son Altesse Impériale le Grand-Duc, étant de la religion grecque, ne saurait, selon les lois de l'Empire d'Allemagne, y posséder aucun domaine.“

Vous verrez par le billet ci joint tous les méchants projets de mes ennemis; vous verrez l'indispensable nécessité où je suis de les prévenir et que, pour dénouer ce nœud gordien, il n'y a d'autre remède que de le couper avec l'épée.

23 juillet 1756. 1

Les régiments de cavalerie de 800 têtes dont ils sont, seront portés jusqu'à 1,000, ce qui fait en tout une augmentation de 6,000 hommes. On a aussi pris la résolution de renforcer au printemps prochain l'armée en Bohême d'une grande partie des troupes qui sont en Italie, d'où l'on peut tirer jusqu'à 12,000 hommes, en y laissant les garnisons nécessaires; mais on laissera dans les Pays-Bas celles qui s'y trouvent et les complétera même, dans la vue apparemment de s'en servir en cas de besoin pour faire une diversion dans le pays de Clèves, afin de partager de cette façon les forces prussiennes, et en général on ne néglige rien pour se mettre en bonne posture. D'un autre côté, la Prusse et la Grande-Betagne tâchent d'attirer tous les princes protestants d'Allemagne dans leur parti, leur faisant envisager le dernier traité de Versailles comme de très dangereuse conséquence pour la religion protestante dans l'Empire. On prétend savoir à Vienne qu'outre les maisons de Hesse et de Brunswick qui sont attachées à ces deux puissances, les princes de Gotha2 et de Weimar prendront aussi des engagements avec elles. La cour de Vienne se flatte, cependant, d'avoir pour elle le plus grand nombre et les princes les plus considérables de l'Allemagne — qu'elle espère d'attacher à ses intérêts moyennant l'influence de la France — l'Électeur palatin, celui de Cologne et le duc de Würtemberg. On compte encore que l'évêque de Würzbourg ne renouvellera point avec la Grande-Bretagne son traité de subsides qui finit au mois d'août, ce qui fait présumer que la cour de Vienne pourra bien se charger des troupes de cet évêque. On cherche, au surplus, à se lier encore plus étroitement avec la France, et l'intelligence entre ces deux alliés paraît devenir toujours plus intime; le marquis d'Aubeterre possède presque sans partage la confiance entière de la cour et du ministère de Vienne. On travaille sans doute aussi avec zèle à se rendre l'Espagne plus favorable,3 pour quel effet la France ne ménage sûrement rien, et vraisemblablement la cour de Vienne concourt à ce but et emploie effectivement ses bons offices, tant en Espagne qu'en Russie, pour établir un meilleur entendement entre ces deux puissances et la France. Les choses étant ainsi, il n'est pas probable que la cour de Vienne veuille travailler uniquement pour l'intérêt et l'agrandissement de la France, sans songer à elle-même, et il faut plutôt croire qu'elle est sûre de son projet et que la cour de France coopérera à son tour à l'exécution de ses vues. La guerre est donc inévitable, puisque le roi de Prusse ne se laissera pas dépouiller tranquillement, ayant trop de forces en main, pour ne pas rendre la besogne très rude, du moins au commencement, et d'ailleurs il sera bien difficile que les grands armements qui se font de tous les côtés, n'aient aucunes suites, puisque, quoiqu'ils ne soient encore que simplement défensifs, la moindre circonstance qu'un pur hasard peut faire naître, peut faire éclater un feu qui causera un embrasement général, ce qui est d'autant plus vraisemblable que la cour de Vienne, à ce qu'il semble, n'attend qu'un prétexte spécieux 4 qui puisse la sauver du reproche de l'agression, pour rompre



1 Das Datum ist nicht genau. Der folgende Auszug stammt aus Depeschen Flemming's an Brühl, d. d. Wien 21. und 24. Juli, von Maltzahn am 13. August (vergl. Nr. 7879) mitgetheilt.

2 Vergl. Bd. XII, 475.

3 Vergl. S. 179. 182.

4 Vergl. S. 201.