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7659. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A COMPLÈGNE.

Knyphausen berichtet, Paris 25. Juni: „Il y a eu conseil des finances ces jours passés, auquel tous les ministres d'État ont été invités d'assister, et où on a proposé différents moyens pour lever les fonds extraordinaires dont on aura besoin pour le soutien de la guerre. Il m'a été assuré de bon lieu qu'une des principales ressources dont on se propose de faire usage dans la conjoncture présente, est la levée d'un second vingtième qui sera perçu par les mêmes régisseurs qui sont préposés pour la levée du premier; moyennant quoi on épargnera les frais de la régie, qui font un objet assez considérable. Comme le vingtième denier des revenus du royaume produit actuellement au Roi depuis l'année 1750 quatorze millions par an, on évalue le montant de ce nouvel impôt à la même somme, qui sera appliquée à l'extraordinaire de la marine pendant le cours des troubles actuels. On fait monter, en outre, le vingtième denier de l'industrie, qui fait partie de cet impôt et qui est perçu sur le corps des marchands, des artisans et des métiers, à la somme de six millions; moyennant quoi la totalité de cette imposition fera entrer annuellement 20 millions dans les coffres du roi de France. A quoi, il faut ajouter encore les quatre sous par livre qui seront perçus en sus de ce nouveau vingtième, ainsi que cela se pratique à l'égard du premier, et qui font annuellement un objet de 4 millions. Le Roi pourra donc disposer pendant le temps auquel la levée de ce second vingtième sera restreinte, d'un fonds extraordinaire de 24 millions, qui n'aura de destination que celle qu'on jugera à propos de lui attribuer, et qui entrera clair et net dans ses coffres, sans qu'il en soit rien retenu pour les frais de régie. En additionnant ce fonds avec celui qui est destiné pour l'entretien ordinaire de la marine et qui monte actuellement à 25 millions, le Roi aura près de 50 millions pour subvenir aux frais d'une guerre maritime, à laquelle son intention paraît être de se borner.2 Mais

Potsdam, 6 juillet 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 25 du mois dernier de juin, m'a été fidèlement rendue. J'ai été très content de votre relation, parceque je l'ai trouvé étendue et qu'elle m'a fourni des éclaircissements sur des choses intéressantes sur lesquelles je souhaitais d'être éclairci. Je serais bien aise que vous poursuiviez les informations que vous avez tirées par un bon canal du sieur de Rouillé, touchant la commission du sieur Douglas en Russie,1 afin d'avoir des notions précises à ce sujet.

Quant à ma situation, elle est toujours la même que je vous l'ai déjà marquée, à la veille de voir rompre ouvertement avec moi les deux cours impériales. Il y a surtout beaucoup de mauvaise volonté de celle de Vienne; si elle la réalisera ou non, c'est que le temps nous apprendra.

Je vous sais un gré particulier de m'avoir informé des moyens qu'on a proposés pour lever les fonds extraordinaires dont on aura besoin pour le soutien de la guerre. Je crois que les impôts qu'on mettra sur le peuple dans les provinces, ne se soutiendront guère, parceque les gens y sont déjà surchargés et épuisés des impôts, en sorte qu'il sera bien difficile de tirer pendant deux ans de ces pauvres gens les secours qu'on s'en promet.

Quant au particulier qui prétend avoir le secret de la poudre



1 Vergl. über den Knyphausen'schen Bericht Nr. 7650 S. 15.

2 Vergl. Bd. XII, 508.