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Sedlitz, 20 septembre 1756.

Je me suis représenté d'abord, et je crois vous en avoir prévenu,1 qu'on jetterait de hauts cris en France et que la Dauphine surtout remuerait contre moi, dès qu'on y apprendrait la démarche que j'ai faite contre la Saxe, à laquelle cependant je me suis vu nécessité, indispensablement obligé, à moins que de vouloir m'exposer à des étranges suites. Je n'ai point été surpris de ce que vous m'avez marqué à ce sujet par la dépêche que j'ai reçue de votre part du 10 de ce mois, au sujet de laquelle je vous dirai que vous saurez bien vous dispenser dans la situation présente où je me trouve vis-à-vis du roi de Pologne, de faire votre cour à Madame la Dauphine, pour ne pas augmenter son humeur, quoique, dans tout le reste, vous ne manquerez en rien aux égards qui lui sont dus.

D'ailleurs, je ne désespère pas que, quand la première vivacité des ministres de France sera passée et qu'ils commenceront à se calmer, ils regarderont les choses peut-être d'un œil tout différent qu'ils ne les envisagent dans leur premier emportement; au moins tâcherezvous de les radoucir au possible, pour qu'ils ne prennent pas des résolutions précipitées. Au surplus, mon idée est, ce que vous direz même à qui le voudra entendre, mais surtout à des gens désintéressés, que, n'étant ni en guerre ni en autre différend avec la France, je ne vois aucune bonne raison pourquoi je devrais retirer mon ministre. Du reste, il faut que, dans ces premiers moments de vivacité, vous preniez patience, que vous caliez vos voiles et que vous fassiez entendre avec douceur au sieur Rouillé que, quelque resolution qu'ils voudraient prendre, vous le priiez de n'en prendre pas des précipitées. Vous connaissez assez par l'expérience du passé la fougue française, qui à présent doit être d'autant plus vive qu'elle est animée par les ministres de deux cours étrangères, mais vous savez aussi que, dans quelque intervalle du temps, cela se passe et que la modération leur revient. En attendant, vous éviterez soigneusement tout ce qui saurait fournir des occasions à votre rappel. Mais, supposé que les choses parvinssent à un point que vous ne sauriez plus empêcher votre rappel et qu'on n'en voudrait plus de vous, sur ce cas-là il faut que vous vous procuriez quelque bon sujet, entendu et délié, à qui je donnerais une pension, qui, en guise d'émissaire, se tînt à la cour de France, pour faire des insinuations de ma part, sinon directement aux ministres, au moins indirectement et par main tierce, afin que nous ne perdions pas toute connexion ni correspondance avec cette cour-là; article que je vous recommande bien, afin que vous vous prépariez d'abord un tel sujet, pour en avoir d'abord si le cas le demande.

Au reste, j'ai été extrêmement satisfait de votre relation, de ce que vous ne m'avez rien dissimulé et que m'y avez tout marqué jusqu'aux



1 Vergl. Nr. 7928 S. 294.