<481> derrière mon infanterie, où je les rangeai comme si c'était à une manœuvre.

La canonnade cependant ne discontinuait pas, et l'ennemi fit tous les efforts possibles pour tourner ma gauche d'infanterie. Je sentis le besoin de la soutenir et j'y envoyai les deux derniers bataillons des 24 qui me restaient. Mais, pour faire bonne mine à mauvais jeu, je fis faire un tour à gauche à 24 bataillons de la première ligne. Je remplis, faute de mieux, ce centre par mes cuirassiers, et je fis encore une seconde ligne du reste de ma cavalerie, qui soutenait mon infanterie. En même temps, toute ma gauche d'infanterie, marchant par échelons, fit un quart de conversion, prit la ville de Lobositz, malgré le canon et la prodigieuse infanterie de l'ennemi en flanc, remporta ce poste et obligea toute l'armée ennemie de s'enfuir.

Le prince de Bevern s'est si fort distingué que je ne saurais assez vous chanter ses louanges. Avec 24 bataillons, nous en avons chassé 72 et, si vous voulez, 700 canons. Je ne vous dis rien des troupes, vous les connaissez, mais depuis que j'ai l'honneur de les commander, je n'ai jamais vu de pareils prodiges de valeur, tant cavalerie qu'infanterie. L'infanterie a forcé des enclos de vignes, des maisons maçonnées ; elle a soutenu depuis 7 heures jusqu'à 3 heures de l'après-midi un feu de canon, d'infanterie et surtout l'attaque de Lobositz, ce qui a duré sans discontinuer, jusqu'à ce que l'ennemi s'est trouvé chassé. J'ai surtout eu l'œil à soutenir la hauteur de ma droite, ce qui, je crois, a décidé de toute l'action. Montrez, je vous en prie, le croquis ci-joint à Fouqué; s'il ne le voyait pas, il ne me le pardonnerait jamais.

J'ai vu par ceci que ces gens ne veulent se hasarder qu'à des affaires de poste et qu'il faut bien se garder de les attaquer à la hussarde. Ils sont plus pétris de ruses que par le passé, et croyez m'en sur ma parole que, sans beaucoup de canons pour les leur opposer, il en coûterait un monde infini pour les battre.

Moller de l'artillerie a fait des merveilles et m'a prodigieusement secondé.

Je ne vous parle de mes pertes que les larmes aux yeux. Les généraux Lüderitz et Oertzen sont tués et Holtzendorff des gendarmes; enfin je ne veux pas m'affliger en vous rappelant mes pertes. Mais ce tour de force est supérieur à Soor et à tout ce que j'ai vu de mes troupes. Ceci fera rendre les Saxons et finira ma besogne pour cette année. Je vous embrasse, mon cher Maréchal, et vous conseille d'aller bride en main. Adieu.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Die Ausfertigung war eigenhändig.