7814. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Hellen berichtet, Haag 30. Juli: Ayant eu occasion de voir avant-hier le prince Louis de Wolfenbüttel, je lui fis confidence des avis que Votre Majesté avait des mouvements des troupes autrichiennes et des grands préparatifs de guerre que l'Impératrice-Reine fait faire tant en Moravie qu'en Bohême, ainsi que de l'explication amiable qu'Elle lui en faisait demander. Il me répondit181-2 qu'il n'était point douteux qu'on ne méditait rien plus à Vienne qu'à attaquer Votre Majesté et à Lui susciter des ennemis partout, et il semble être du sentiment que ce que Votre Majesté pourrait peut-être faire de mieux, ce serait de la prévenir et de rompre ses mesures, avant qu'elles puissent être portées à leur maturité et à leur plus grande consistance. Quant aux affaires de Russie, il me dit qu'il lui était revenu que le comte de Woronzow, quoiqu'il poussait extrêmement les liaisons à prendre avec la cour de France,181-3 n'était point du sentiment qu'on dût entrer dans les projets de la cour de Vienne de tomber sur Votre Majesté … Que, pour ce qui est des affaires d'ici, il espérait à la vérité toujours qu'avec le temps on sortirait de la léthargie, et qu'on serait convaincu peu à peu que la République ne pourrait pas rester les bras tout-à-fait croises; il était mortifié de voir que l'Angleterre paraissait résolue de faire demander de nouveau le secours de 6,000 hommes,181-4 aussi bien que des vaisseaux de guerre, demande qui était peut-être tout-à-fait hors de saison, qui ferait un très mauvais effet et qui fournirait peut-être une bonne occasion à la France de renouveler ici ses menaces181-5 et de porter par là l'État à faire un pas de plus envers elle. Au reste, il me dit que les Français débitaient ici que les cours de Danemark et de Suède avaient signé leur convention,181-6 et que celle de Saxe avait accédé au traité fait entre Vienne et Versailles.“

Hellen berichtet, Haag 30. Juli, in einer zweiten, durch einen Courier Mitchells übersandten Relation: „Le sieur Swart mande au greffier Fagel que le grandchancelier? comte de Bestushew, l'a assuré positivement que l'impératrice de Russie<182> ne savait absolument rien de l'envoi du sieur Pectechew182-1 à Paris, ni des autres menées du comte de Woronzow dont j'ai eu l'honneur de mander le matin le sentiment par rapport aux affaires générales, que le premier était d'un avis contraire et que son opinion était que la Russie dût s'unir fortement avec la cour de Vienne et l'animer de plus en plus d'attaquer Votre Majesté dans la supposition que la France ne manquerait pas de l'assister, que cette assistance brouillerait Votre Majesté avec l'Angleterre, et que tout rentrerait alors dans l'ancien système … On m'assure de de très bon lieu que, dans une lettre circulaire que l'Impératrice-Reine a adressée aux régiments qui ont eu ordre de marcher, [il est dit] que c'était en conséquence des mouvements des troupes de Votre Majesté.“

Potsdam, 7 août 1756.

J'ai reçu votre rapport du 30 de ce mois, au sujet duquel je n'ai présentement qu'à vous dire que vous devez faire bon usage auprès du sieur de Yorke de tout ce que le prince Louis vous a dit, sans cependant commettre aucunement ce digne prince, ni l'exposer pour les confidences qu'il vous a faites. Quant à vous, vous connaissez mon intention par rapport aux insinuations à faire aux ministres de l'État,182-2 et je crois que vous ne ferez pas mal de presser un peu le sieur de Yorke, afin qu'il fasse tous ses efforts à disposer la République d'augmenter ses troupes et de faire cause commune avec nous.

Federic.

P. S.

Je vous sais gré des nouvelles que vous m'avez marquées par votre dépêche que le courrier de M. Mitchell m'a apportée. N'épargnez ni peine ni adresse pour être bien instruit de ce que le sieur de Swart mandera au Greffier pendant son séjour au Karlsbad182-3 sur les affaires de Russie, et donnez-m'en des informations exactes. Cela m'importe beaucoup.

Nach dem Concept.



181-2 Der Prinz hatte in österreichischen Diensten gestanden und war also mit den dortigen Verhältnissen wohl bekannt.

181-3 Vergl. S. 117; Bd. xii, 395.

181-4 Vergl. S. 179; Bd. xii, 163. 185.

181-5 Vergl. S. 64; Bd. xii, 185.

181-6 Vergl. Bd. xii, 476.

182-1 Sic. Vergl, S. 127.

182-2 Vergl. Nr. 7761. 7789.

182-3 Vergl. S. 202.