7849. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 14. August 1756.
Des Königs Majestät haben mir befohlen, Ew. Excellenz hiebei ein Schreiben an den Herrn Mitchell zu adressiren und dabei solches zur baldigen Beförderung zu recommandiren;214-2 dabei Höchstdieselbe Ew. Excellenz das Précis einer von sehr guter Hand aus Wien gekommenen Nachricht214-3 zusenden, und dabei ich melden soll, dass, weil diese Nachrichten, so darin enthalten, vollenkommen authentique wären, Ew. Excellenz die malignen Absichten des wienerschen Hofes daraus ermessen, im übrigen aber Sr. Königl. Majestät das Secret darüber halten würden. Welches alles hierdurch schuldigst ausrichten sollen. Im übrigen melde gehorsamst, wie des Königs Majestät den in dem Paquet zurück erfolgenden Bericht wegen der mecklenburgischen Sachen gar nicht angesehen, geschweige gelesen haben.214-4
Eichel. Le comte Kaunitz a dit dernièrement à un de ses amis intimes214-5 que, le sieur de Klinggræffen lui ayant exposé qu'il était chargé de la part du Roi son maître214-6 de demander amiablement et par voie d'éclaircissements à l'Impératrice-Reine dans une audience particulière à quoi aboutissaient tous les armements et préparatifs guerriers que l'on faisait dans ses États, et si peut-être ils le regardaient, ce que ce Prince ne saurait pourtant pas s'imaginer, ne sachant pas d'y avoir donné occasion en la moindre chose, le comte Kaunitz lui avait répondu qu'il ne pouvait lui répondre d'avance sur cette ouverture, mais qu'il en ferait son rapport à l'Impératrice et lui procurerait l'audience désirée; qu'il ne pouvait, cependant, pas s'empêcher de lui
<215>témoigner sa surprise de ce que le roi de Prusse demandait une explication au sujet des mesures qu'on prenait en Autriche, après que l'on n'y avait pourtant témoigné aucune inquiétude ni ombrage des grands mouvements qu'on avait remarqués le premier dans l'armée de ce Prince. Ce ministre autrichien, étant allé immédiatement après à Schönbrunn, a réfléchi chemin faisant sur la réponse qu'il conseillerait à sa souveraine de donner au sieur de Klinggræffen, et, ayant cru entrevoir que le roi de Prusse pouvait, en faisant cette démarche, avoir deux objets en vue qu'on voulait éviter également, savoir d'en venir à des pourparlers et des éclaircissements qui causeraient d'abord une suspension des mesures nécessaires qu'on était résolu de continuer avec vigueur, ou bien d'amener les choses plus loin et à d'autres propositions et engagements plus essentiels, il a jugé que la réponse à donner devait être d'une nature qui éludât entièrement la question du roi de Prusse, fût en même temps ferme et polie, sans être susceptible d'une interprétation sinistre ni favorable; qu'il suffirait pour cela que l'Impératrice-Reine se contentât de répondre simplement: que, dans la forte crise générale où se trouvait à présent l'Europe, il était de son devoir et de la dignité de sa couronne de prendre des mesures suffisantes pour sa propre sûreté aussi bien que pour celle de ses amis et alliés,215-1 Que l'Impératrice avait entièrement approuvé cette réponse, et, ayant d'abord fixé l'audience au lendemain, afin de montrer que la demande et la démarche du roi de Prusse ne lui causaient pas le moindre embarras, elle avait répondu au sieur de Klinggræffen précisément dans les termes susdits et avait ensuite rompu, par un signe de main, tout d'un coup l'audience, sans entrer dans un plus grand détail. On ne doute pas à Vienne que cette réponse aussi énergique qu'obscure n'embarrasse beaucoup le roi de Prusse, qui devait être dans de grandes inquiétudes, et on présume que le but qu'il s'était proposé par la demande susmentionnée, avait probablement été que, si l'on eût répondu que c'était lui qui avait occasionné lui-même ces armements par ceux qu'il avait fait le premier, il aurait tâché de se disculper en alléguant pour preuve que c'était pour cette raison-là qu'il n'avait pas assemblé les camps qu'il avait fait tracer pour exercer ses soldats, et qu'il avait ordonné même aux régiments de se séparer, s'imaginant sans doute qu'il mettrait par là la cour de Vienne dans la nécessité de suivre son exemple en discontinuant également ses préparatifs. On croit, cependant, que le roi de Prusse aura bien de la peine à détourner la cour de Vienne de son dessein par ces sortes d'illusions. L'on croit qu'il est nécessaire de poursuivre sans interruption les mesures commencées, afin de se mettre, dans les circonstances présentes, à deux de jeu avec lui et en si bon état que ce Prince soit obligé, pour soutenir les armements et augmentations faites qui surpassent ses forces, ou de se consumer à petit feu, ou, pour prévenir cet inconvénient, de se laisser aller à des résolutions précipitées, et il semble215-2 que c'est précisément là où l'on l'attend. Il est à croire que, s'il se croyait menacé, il ne tardera plus à porter des coups et à prévenir ceux qu'il craignait, pour profiter de la situation où l'Autriche se trouverait encore jusqu'à la fin d'août; mais que, si d'un autre côté ce Prince reste tranquille, on est persuadé qu'il ne serait point attaqué ni inquiété du moins cette année, puisqu'il est bien sûr que jusqu'ici il n'y a aucun concert, encore moins de plan de fait, soit avec la France soit avec la Russie, pour envahir les États du roi de Prusse. Par tout ce qu'on remarque, il paraîtz cependant que la cour impériale doit être bien sûre de l'amitié et de l'attachement de la Russie. Tout semble dépendre présentement de la résolution que prendra le roi de Prusse, étant certain que, s'il se tient en repos, la cour de Vienne ne commencera non plus rien, du moins cette année, mais elle tâchera d'achever ses préparatifs dans cet intervalle pour se trouver en état l'année prochaine de prendre un parti convenable selon les circonstances et les évènements. J'ai215-3 appris d'un ami qui en peut être au fait, que la cour de Vienne doit avoir fait passer un million de florins en Russie. L'on215-4 prétend avoir reçu avis que le roi de Prusse avait eu des<216>sein de surprendre Stralsund, ce qui, s'il était vrai, aurait dû apparemment se faire en conformité de la trame découverte à Stockholm.216-1 Au reste, l'on prétend qu'on fera des insinuations à la cour de Londres, en lui faisant connaître le danger où elle se trouve présentement, et dans lequel les mauvais conseils de ceux qui ont le plus de crédit maintenant en Angleterre, l'ont entraînée; qu'elle ne sortirait que très difficilement de la crise dans laquelle elle s'est précipitée, si elle ne se séparait pas du roi de Prusse, en faisant sa paix avec la France aux meilleures conditions possibles. L'on216-2 fait actuellement venir trois régiments d'Italie.
Nach der Ausfertigung.
214-2 Nr. 7850.
214-3 Bericht Flemming's an Brühl, d. d. Wien 28. Juli, von Maltzahn unter dem 10. August eingesandt. Vergl. Nr. 7848.
214-4 Ministerialbericht vom 13. August, in welchem die Minister anzeigen, dass sie den Gesandten von Plotho von der letzten Verfügung des Königs (Nr. 7824) in Kenntniss setzen werden (Ministerialerlass an Plotho, Berlin 14. August).
214-5 Graf Flemming.
214-6 Vergl. Nr. 7722.
215-1 Vergl. Nr. 7795.
215-2 Seil. „au comte Flemming“ .
215-3 Flemming.
215-4 Kaunitz.
216-1 Vergl. S. 28.
216-2 Diese folgenden Worte sind nicht mehr aus dem Berichte Flemming's, sondern der Mittheilung eines Vertrauten des Ministers von Borcke, de Boisy in Genf, d. d. Genf 22. Juli, entnommen.