7915. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 26 août 1756.

Les procédés injustes et les desseins dangereux de la cour de Vienne me forçant d'en venir à des extrémités que j'aurais voulu éviter pour l'amour de la paix et de la tranquillité publique, et ces mêmes circonstances me mettant malgré moi dans la nécessité de faire marcher mon armée en Saxe pour entrer en Bohême, vous vous rendrez, immédiatement après la réception de cette dépêche, auprès du comte de Brühl et lui demanderez d'être admis le plus tôt possible à l'audience de Sa Majesté Polonaise. Après quoi, vous déclarerez à ce Prince, ou même simplement à son ministre, au cas que l'audience auprès du Roi rencontrât des difficultés ou des retardements, vous lui déclarerez, disje, de ma part que les brouilleries survenues entre moi et l'Impératrice-Reine me mettaient, à mon grand regret, dans la fâcheuse nécessité<280> d'entrer avec mon armée en Saxe pour aller de là en Bohême. Que l'on aurait pour les États du roi de Pologne tous les ménagements que les circonstances présentes pourraient comporter, que mes troupes s'y conduiraient avec l'ordre et la discipline la plus exacte, mais que je me voyais forcé de prendre mes précautions de manière à ne pas retomber dans la situation où la cour de Saxe m'avait mis pendant les années 1744 et 451.280-1 Que, du reste, Sa Majesté Polonaise pouvait être persuadée qu'on aurait pour sa personne et pour sa famille royale toute la considération imaginable et tous les égards que le malheur des temps et ma propre sûreté pourraient permettre, et qu'en mon particulier je ne désirais rien plus ardemment que de voir arriver l'heureux moment de la paix, afin de pouvoir témoigner à ce Prince toute l'étendue de mon amitié et le remettre dans la possession paisible et tranquille de tous ses États, contre lesquels je n'avais jamais eu aucuns desseins offensifs.

Vous accompagnerez cette déclaration de tout ce que la politesse pourra vous fournir d'affectueux de ma part et de respectueux de la vôtre, pour lui faire sentir que c'est une affaire de nécessité, de contrainte et d'obligation, et que ce n'est qu'à la cour de Vienne seule qu'il faut nous en prendre de tout ce que cette situation peut avoir de dur et de désagréable. Et vous ne manquerez pas, au surplus, de me faire sans perte de temps un rapport fidèle et circonstancié de la réponse qu'on vous aura donnée et du résultat de cette importante commission.

Federic.

Nach dem vom Grafen Finckenstein aufgesetzten Concept.



280-1 Vergl. Bd. III, 403; IV, 413.