8010. AU ROI DE POLOGNE AU QUARTIER GÉNÉRAL DE STRUPPEN.
Schreiben des Königs von Polen, Hauptquartier Struppen, 10. September: Monsieur mon Frère. Après toutes les démarches que j'ai faites pour aller au devant de tout ce que Votre Majesté peut raisonnablement désirer de moi, Lui ayant envoyé le général Meagher,366-3 d'abord après les premières insinuations faites par Son ministre à ma cour, pour L'assurer d'une parfaite neutralité, pour consentir au libre passage de Ses troupes et de Son artillerie par mon pays en Bohême, et pour demander en quoi devaient consister les sûretés que Votre Majesté désirait là-dessus; après avoir fait répéter les mêmes offres avec plus de détail encore par l'envoyé d'Angleterre,366-4 sans que ni l'un ni l'autre ne m'ait apporté aucune explication positive de Votre Majesté; enfin, après avoir encore fait part à Votre Majesté, par la<367> lettre dont le comte de Salmour a été chargé,367-1 des motifs qui m'engageaient à me rendre auprès de mon armée: après toutes ces démarches, dis-je, je me serais attendu à ce que Votre Majesté, comme l'envoyé d'Angleterre me l'avait aussi fait espérer, m'enverrait quelqu'un pour me faire parler et m'instruire de ce qu'Elle désire de moi. Cependant, un jour passe après l'autre, sans que j'apprenne rien. J'aurais pu me porter avec mon armée en Bohême, pour la mettre en lieu de sûreté, et prêter 1'oreille à des engagements que j'ai toujours déclinés; mais j'ai préféré de rester, me flattant d'autant plus que les conditions que Votre Majesté pourrait exiger de moi, seraient relatives à la paix où nous vivons et aux assurances affectueuses dont les réponses de Votre Majesté sont remplies, et désignent qu'Elle ne désire qu'une sûreté suffisante, pour que je ne prenne point parti contre Elle, et qu'Elle conserve la communication libre sur l'Elbe. Je suis prêt à Lui donner et sur l'un et sur l'autre de ces articles telles assurances que Votre Majesté peut désirer de moi avec dignité; mais il est temps de s'entendre là-dessus, et je Lui envoie à cet effet encore le lieutenant-général comte de Bellegarde, grand-maître des princes, qui aura l'honneur de Lui présenter cette lettre. Je prie Votre Majesté de S'expliquer envers lui d'une façon à pouvoir conduire les choses à un entendement amiable, persuadée qu'Elle peut être que j'y apporterai toutes les facilités possibles, pendant que des conditions trop dures ne sauraient produire qu'un désespoir où Elle me pousserait avec mon armée, qui certainement est prête à verser la dernière goutte de sang, en cas qu'elle soit attaquée. En attendant une prompte et favorable réponse de Votre Majesté, je suis avec la plus parfaite estime et considération, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Auguste Roi.
Sedlitz, 11 septembre 1756.
Monsieur mon Frère. Votre Majesté aura la bonté de Se souvenir de ce que je Lui ai constamment déclaré qu'étant pleinement instruit de la mauvaise volonté de Son ministre, il me convenait au commencement d'une guerre que l'Impératrice-Reine me suscite, que je prenne des précautions pour ma propre sûreté. Ces précautions consistent, premièrement, en m'assurant du cours de l'Elbe, en second lieu, en ne laissant pas sur mes derrières une armée qui n'attendrait que le moment de me voir bien engagé avec mes ennemis, pour entreprendre contre moi. Voilà ce qui me tient ici, et qui m'y retiendra jusqu'à ce que cet obstacle soit levé, et, puisque la réponse de la cour de Vienne que je viens de recevoir dans cet instant,367-2 me pousse à bout, je n'y saurais rien changer.
La reine de Pologne se porte bien, ainsi que toute la famille de Votre Majesté, et ils pourraient venir toutepart où Votre Majesté le désirerait. Je n'ai rien entrepris, ni contre leur liberté, ni contre celle de tous ceux qui ont des emplois civils dans Ses États. Votre Majesté verra par là que je ne me démens pas, et que, si, aujourd'hui ou demain, quand il Lui plairait, Elle voulait traverser mon armée, pour aller où Elle le jugerait à propos, tout le monde aurait la considération pour Sa personne, comme si nous étions alliés. Je suis avec<368> toute l'estime et considération imaginable, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Hauptstaatsarchiv zu Dresden. Das Concept eigenhändig.
366-3 Vergl. S. 320.
366-4 Vergl. S. 339.
367-1 Vergl. S. 344.
367-2 Vergl. Nr. 8017 S. 375. 376.