8015. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK AU CAMP DE GROSS-COTTA.
Sedlitz, 12 septembre 1756.
Monsieur mon Cousin. Pour répondre aux différentes questions que vous m'avez faites par la lettre du 11 de ce mois, je vous dirai que, quant au débouché pour entrer en Bohême, je pense vous avoir déjà dit que vous marcherez à Peterswalde et prendrez ensuite le camp d'Eulau, pour vous approcher de l'Elbe.
D'ailleurs, Votre Altesse jugera Elle-même qu'il ne m'est pas possible de lui répondre positivement sur toutes les diverses questions qu'Elle me fait, vu qu'il faut absolument qu'Elle dirige Ses opérations selon les circonstances et selon qu'Elle trouvera l'ennemi en force ou non; car quant au détachement que vous ferez prendre Tetschen, il faut bien que cela se règle conformément à la circonstance, si l'ennemi y est en force ou faible: au premier cas, il faudra détacher plus de troupes, et moins au second cas. Je ne puis pas répondre autre chose sur ce que vous laisserez à Tetschen, quand vous l'aurez emporté, savoir plus ou moins, selon que l'ennemi sera plus ou moins fort. Pour ce qui regarde en combien de corps vous vous établirez, il faut encore que Votre Altesse Se règle selon l'ennemi; s'il est là en force, Elle ne séparera point les troupes, mais restera ensemble. S'il n'y a que des pandours et de pareilles gens, il faudra cependant que 6 à 7 bataillons restent ensemble avec quelque cavalerie et que ces postes se retranchent pour ne pas être exposés à des affronts; mais s'il y a des troupes régulières en force, il faut que Votre Altesse tienne Ses troupes ensemble. Je ne saurais que faire la même réponse, quant au point de ralliement, au cas qu'un corps considérable de l'ennemi viennne à<372> vous; car il faut que vous régliez tout cela selon les circonstances et selon les nouvelles que vous aurez de la position et des forces de l'ennemi. C'est encore ce que je réponds touchant les postes aux passages de conséquence par les montagnes : à quel sujet, je dirai seulement qu'il ne faut pas que ces postes soient très éloignés l'un de l'autre et qu'il faut que ces postes se retranchent de façon qu'ils aient toujours les débouchés libres.
Quant aux magasins, Votre Altesse les formera dans quelque village qui y est propre par sa situation, qu'Elle saura couvrir le mieux et qu'Elle pourra faire palissader pour plus de sûreté. Pour procurer la subsistance des troupes, Votre Altesse Se servira des livraisons, pour faire entrer le nécessaire aux troupes, et les fera exécuter par des hussards, comme cela est de coutume. Si Votre Altesse rencontre des obstacles insurmontables pour percer dans les montagnes, que j'estime cependant qu'Elle ne rencontrera point, il faut bien alors qu'Elle S'arrête et qu'Elle me marque alors en quoi ces obstacles subsistent. Pour des nouvelles, Elle m'en donnera journellement; quant à la voie pour me faire parvenir Ses nouvelles, ce sera par les lieux les plus sûrs, soit par Peterswalde, soit par quelque autre route qu'Elle croira la plus propre et la plus prochaine pour cela. Je suis avec estime, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Grossen Generalstabs zu Berlin.