8113. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH AU CAMP DE JOHNSDORF.
Keith meldet, Lager bei Johnsdorf 24. September „Dans Le temps que le prince de Bevern entrait dans le nouveau camp où je me suis établi aujourd'hui, j'ai reçu les nouvelles qu'il a plu à Votre Majesté de me donner454-1 touchant le projet du maréchal Browne de marcher pour dégager les Saxons. Je ferai tout mon possible pour l'empêcher de me dérober des marches, et je compte envoyer le général Manstein demain avec un bataillon de grenadiers et 100 hussards, selon les ordres que Votre Majesté m'avait donnés, pour fouiller toutes ces montagnes et détruire tous les chemins qu'il trouverait tant soit peu praticables pour faire marcher des troupes, et je lui donnerai avec lui un chariot rempli des outils pour avancer le besoin; mais je suis obligé de représenter à Votre Majesté que les outils que les soldats ont, ne sont ni en assez grand nombre, ni assez forts pour le nombre des ouvrages que nous entreprenons, et que l'artillerie a besoin des siens pour les six batteries que j'ai fait tracer aujourd'hui à la tête du camp. S'il y en avait dans l'arsenal de Dresde, je supplierais très humblement Votre Majesté qu'Elle voulut bien ordonner de m'envoyer quelques centaines de pelles, autant de pioches et de grandes haches, s'il y en a, qui seront très nécessaires pour couper et façonner des palissades. Si j'avais pu donner des mineurs au général Manstein, cela aurait fort avancé son ouvrage; mais comme il y a beaucoup de mines dans ces montagnes, je lui donnerai ordre d'en prendre quelques-uns à Zinnwald et ailleurs, et pour qu'il puisse les employer avec plus de promptitude, je lui donnerai 200 livres de poudre avec lui; où les chemins ne sont pas de rochers, je l'avertirai de faire des abattis du bois. Enfin, Sire, je ne négligerai rien qui, je croirai, pourrait contribuer à prévenir le projet de M. de Browne de donner des inquiétudes à Votre Majesté du côté des montagnes de la Saxe; sans le secours de Piccolomini, il n'est certainement pas en état d'entreprendre quelque chose de vive force, et en ruinant tous les chemins, j'espère le réduire à la nécessité de venir où je me prépare à le recevoir, s'il veut dégager ses Saxons. Je viens de parler au capitaine Wallis, il dit connaître parfaitement les montagnes de Saxe, mais qu'il ne connaît point du tout les montagnes de Bohême.
P. S.
J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté le plan et profil de la tête du pont que j'ai fait construire, et j'espère demain lui envoyer celui de la situation du nouveau camp, avec les batteries et redoutes que j'ai ordonnées.“
[Sedlitz], 25 [septembre 1756].
Je fais actuellement des recherches pour savoir où trouver les outils que vous me demandez; mais vous m'avez mal compris …: si vous ne<455> détachez pas 4 ou 5 bataillons avec des dragons et des hussards, toutes ces troupes irrégulières des Autrichiens se nicheront incessamment dans les montagnes de la Saxe et nous couperont les vivres. Selon toutes mes nouvelles, Browne est encore à Kolin. Si vous n'affectez pas l'offensive partout, vous me gâtez mes troupes, et nous perdons la supériorité que vous devez maintenir vis-à-vis du tas de canaille qui vous est opposé. Il est très bon de penser à la sûreté de votre camp, mais cela ne doit pas vous faire oublier l'air de supériorité qu'il nous convient de prendre toute part où se trouve l'ennemi. Je vous envoie une copie de la lettre que je viens de recevoir du maréchal Schwerin. J'ai reçu le dessin de votre tête de pont, mais point celui de votre camp. En un mot, il faut mettre plus en œuvre les hussards, soutenus de dragons et de 4 à 5 bataillons d'infanterie; quand ce sont de pareils détachements, le prince de Bevern les conduira fort bien, Katzeler, Kyau, s'ils sont plus faibles, Seydlitz. Vous ne connaissez pas ces gens, mais vous pouvez tous les mettre en œuvre. Adieu, mon cher Maréchal.
Federic.
Voici un rapport ci-joint de mes hussards.455-1
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
Bericht Schwerin's, Hauptquartier Aujezd 22. September: „A peine avais-je expédié mon courrier d'hier que m'arriva la gracieuse dépêche de Votre Majesté du 18.455-2
Je partis ce matin de mon camp d'hier de Nahoran. Chemin faisant, M. le général Buccow, qui commande les 5 régiments dont je fis mention,455-3 me fit la galanterie d'envoyer à ma rencontre un détachement de dragons et de hussards, Soo des premiers et le régiment Festetics des derniers. J'avais pris la précaution de former une petite colonne séparée sur ma droite, qu'apparemment les ennemis prirent pour un détachement pour les reconnaître, et comme ils étaient en embuscade dans un bois, ils chargèrent vigoureusement mon avant-garde, composée de 200 hommes avec un major des deux régiments de hussards, en fondant de toute part de ce bois sur eux; mais comme je me trouvais en personne à la tête du régiment de Wartenberg, je fus si promptement avec ce brave général au secours de cette avant-garde que nous les battîmes si bien qu'il en est resté bon nombre sur la place, entre lesquels se trouve le capitaine de dragons comte Erdödy et deux autres officiers subalternes. Outre ceux-là, j'ai fait prisonniers le lieutenant baron Bechinie du régiment de dragons Batthyany et le cornet Jafré du régiment Festetics-hussards, avec 124 hommes, la plupart dragons, dont il y en a 68 dangereusement blessés.
Le rapport de ce que j'ai perdu, ne m'a pas encore été rendu; mais c'est peu de chose. Outre le lieutenant Leschnowitz, qui a été légèrement blessé, et peut-être 30 à 40 hommes, tout au plus, tant tués que blessés, le général Wartenberg a eu un cheval tué sous lui, et ce brave homme a bien mérité aujourd'hui que Votre Majesté lui en donne un autre. Si M. Buccow n'avait pas pris la précaution de faire rompre tous les ponts qui se trouvent entre lui sur l'Elbe, que je ne pus pas raccommoder si promptement, il aurait été à moi, avec tous les 5 régiments qu'il commandait.
J'avais pris la précaution de faire suivre mes hussards de 400 cavaliers et 200 dragons, mais qui n'ont point trouvé moyen de choquer, et ceux-ci furent sou<456>tenus au besoin par le général Treskow avec un détachement d'infanterie de 2,000 hommes et deux bataillons de grenadiers. Si ceux-ci avaient pu arriver assez tôt, j'aurais pu empêcher qu'on ne m'eût rompu les ponts; car, par ma disposition, j'espérais de le faire passer avec la cavalerie de l'autre côté de l'Elbe, et pour lors M. Buccow assurément aurait payé cher les violons. A leur arrivée, on lâcha quelques coups de canon à l'infanterie ennemie, dont le général adversaire s'était servi pour abattre et brûler le pont, et on prétend que ces coups n'ont pas été lâchés sans effet.
Comme la marche et le travail ont été un peu rudes aujourd'hui, et que je manque de pain, je me vois obligé de séjourner demain, après quoi il faudra voir si le poste de Kœniggrætz est attaquable ou non. J'ai remarqué de la tête de mon camp qu'on y travaille encore à force à se retrancher, ce qui marque qu'on n'a pas envie de m'attaquer.
J'envoie demain mes prisonniers avec un détachement à Nachod, où j'ai mandé un autre détachement de Glatz qui viendra les prendre.
Je ne suis pas en état d'en dire davantage aujourd'hui à Votre Majesté, étant extrêmement fatigué moi-même et tout le monde.
454-1 Vergl. Nr. 8110.
455-1 Liegt nicht vor.
455-2 Nr. 8070.
455-3 Schwerin erwähnt am 21. September nur vier Regimenter (vergl. S. 453), als fünftes ist wohl das Regiment Festetics gerechnet.