A.
Relation de la bataille de Lobositz.

Le Roi543-3 s'est rendu le 28 à son armée de Bohême campée près d'Aussig, le 29 il prit l'avant-garde avec 8 bataillons et 18 escadrons, tant hussards que dragons. Il marcha à Türmitz, où il campa sur la Biela; le lendemain l'armée le suivit sur deux colonnes, l'une passant le Pashcopolo, l'autre suivant la route de Türmitz. L'avant-garde marcha dès la pointe du jour, et, dès que le Roi eut gagné les hauteurs de Wellemin, il aperçut l'armée autrichienne campée à Lobositz la droite, et derrière le village de Sullowitz la gauche. Il fit déloger environ 200 pandours ennemis de Wellemin et se pressa le soir de gagner les hauteurs et les vignes qui dominent sur la plaine de Lobositz, qu'il garnit de543-4 6 bataillons. Pendant la nuit, toute l'armée arriva, qui resta en colonnes sur la plaine de Wellemin, qui forme le plateau de la montagne.

Le lendemain, 1er d'octobre, à la pointe du jour, le Roi, accompagné de tous les officiers généraux, reconnut le terrain et forma l'armée sur la cime des hauteurs; la droite se déploya sans empêchement,543-5 mais la gauche fut attaquée dès le moment qu'elle se forma543-6 pour gagner les hauteurs, par les pandours et les grenadiers ennemis; ceci n'empêcha pas qu'on se rendît maître de la cime des montagnes; mais un gros brouillard qui nous empêchait de voir, devint l'obstacle le plus nuisible à l'action. Nous ne pouvions apercevoir que la ville de Lobositz. devant laquelle il y avait une batterie de 10 à 12 canons et de la cavalerie à côté qui avait l'air d'une arrière-garde, par petites troupes, et rangée tantôt sur cinq lignes, tantôt en échiquier et tantôt sur deux, selon que le feu de notre artillerie l'incommodait.

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Nous ne pûmes rien apercevoir de la position de l'ennemi, et, comme le feu de l'infanterie continuait, on crut pouvoir décider cette affaire d'arrière-garde par un choc de cavalerie; cette troupe, qui était en seconde ligne, choqua, renversa l'ennemi. On aurait voulu s'en tenir là, mais son impétuosité l'entraîna à une troisième544-1 charge, où elle passa Lobositz à gauche et le village de Sullowitz à droite, dont elle essuya de derrière les murailles un feu de flanc qui ne l'empêcha pas de pousser l'ennemi et de passer en sa présence un fossé de 10 pieds de large. Derrière ce fossé était formée la ligne d'infanterie des Autrichiens; elle y essuya une terrible canonnade et se retira au pied de la hauteur où l'infanterie prussienne était postée, sans être poursuivie et en faisant toujours front à l'ennemi, malgré le feu qu'elle reçut dans ses deux flancs.544-2

A peine cette charge fut-elle passée que notre infanterie de la gauche descendit la hauteur, s'appuya à l'Elbe, poussa 5 régiments d'infanterie autrichienne, que l'ennemi avait envoyée de ce côté pour soutenir les grenadiers et les pandours, força la ville de Lobositz et chassa l'ennemi de la plaine.

L'action commença vers les 7 heures du matin. La difficulté du terrain, des hauteurs qu'il fallait gagner, des murailles qui font des enclos des vignes qu'il fallait forcer, l'ont fait durer 7 heures, à savoir après deux heures de l'après-midi. Nous y avons perdu de la cavalerie le général Lüderitz et Œrtzen, de l'infanterie le général Quadt, à peu près de la cavalerie 220 morts et de ceux qui ont passé le fossé, 250 que l'ennemi a fait prisonniers; de l'infanterie 300 morts et 600 blessés. Nous avons 700 prisonniers de l'ennemi, 3 canons et 3 étendards du régiment de Cordua. Il serait inutile dans une pareille action d'exalter la valeur des troupes; la difficulté du terrain les a plus arrêtées que l'ennemi, et nous n'avons été 7 heures dans le feu qu'à cause que ce terrain, difficile à être arpenté par un bon piéton, obligé de marcher en ligne parallèle, ne peut être parcouru plus vite. Les ennemis ont fait grand bruit avec leur canonnade; mais pendant ces 7 heures nous n'avons certainement pas eu au delà de 200 hommes, tant cavalerie qu'infanterie, blessés ou tués de coups de canons. L'ennemi s'est retiré derrière l'Égre à Budin, où l'on dit qu'il attend des renforts.

J'ai oublié de vous dire que nous comptons parmi nos prisonniers le prince de544-3 Lobkowitz et deux autres officiers de l'État major dont les noms me sont inconnus. Après ce dernier essai, vous pouvez compter que rien n'est impossible à nos troupes.

Nach der vom Könige eigenhändig durchcorrigirten Abschrift des ersten eigenhändigen Entwurfs (Redaction B). Vergl. S. 543 Anm. 3.



543-3 Der Relation liegt ein erster eigenhändiger Entwurf zu Grunde (Redaction A). Dieser Entwurf wurde von Laspeyres abgeschrieben und vom Könige eigenhändig durchcorrigirt (Redaction B). In der Form B ist die Relation an Podewils abgegangen, am 19. October den preussischen Vertretern im Auslande und im Reiche zugefertigt und den Zeitungen mitgetheilt worden (vergl. u. a. „Berlinische Nachrichten“ vom 19. October, Nr. 126).

543-4 Erster eigenhändiger Entwurf: avec.

543-5 Erster eigenhändiger Entwurf: la droite se forma tranquillement.

543-6 Erster eigenhändiger Entwurf: se déploya.

544-1 Sic.

544-2 Erster eigenhändiger Entwurf: qu'elle essuya de deux flancs.

544-3 „De“ fehlt im ersten eigenhändigen Entwurf.