Les avantages que le ministère de France se promet d'une pareille diversion, sont en grand nombre et consistent :
En premier lieu, en ce qu'il espère non seulement de trouver à Stade des sommes très considérables,1 qui, jointes aux contributions énormes qu'on se propose de lever dans cet électorat, mettront Sa Majesté Très Chrétienne en état de pouvoir faire face amplement à tous les frais de la présente guerre et la dédommageront en même temps de ceux que lui a déjà occasionnés la levée de boucliers, à laquelle la Grande-Bretagne l'a forcée dans le cours de l'année passée.
Aussi est-on déterminé en France à ne garder nul ménagement à l'égard des contributions qu'on lèvera dans cet électorat, et à les percevoir avec la plus grande rigueur. Je2 sais même, et c'est un fait certain, que les auteurs de ce projet ont soutenu ouvertement dans le Conseil qu'il fallait en agir avec cet électorat avec la même sévérité avec laquelle Louis XIV avait traité le Palatinat, afin de convaincre à jamais le Corps Germanique qu'on n'offensait pas impunément la France, et de lui faire sentir tout le poids de sa puissance. A quoi d'autres ont ajouté encore que c'était là le vrai moment de se venger d'une façon exemplaire de toutes les vexations que la Grande-Bretagne avait exercées sur mer envers les sujets de la France au commencement de la présente guerre.3 Enfin, que c'était une réparation qu'exigeait la dignité de Sa Majesté Très Chrétienne, et qu'elle devait à ses sujets pour les venger et les indemniser de l'oppression qu'ils avaient éprouvée.
En second lieu, on se flatte qu'une pareille diversion découragera entièrement le landgrave de Hesse-Cassel et les autres alliés que la Grande-Bretagne peut avoir dans l'Empire, et les forcera, sinon à se jeter dans les bras de la France, au moins à se réduire à la neutralité la plus stricte et la plus scrupuleuse.
En troisième lieu, on est persuadé que la perte de l'électorat d'Hanovre encouragera tous les alliés cachés que la France peut avoir dans l'Empire, à lever le masque et à éclater ouvertement et sans crainte, tant contre le roi d'Angleterre que contre Sa Majesté Prussienne. Il m'est4 revenu de bon lieu qu'indépendamment des princes de l'Empire dont je viens de faire mention, on fonde de grandes espérances sur la Suède, et que l'on croit savoir qu'elle ne manquerait pas en pareil cas de revendiquer les duchés de Bremen et de Verden et de joindre pour cet effet à l'armée française les troupes qu'elle a actuellement dans le duché de Poméranie; après quoi elle dirigerait ses forces contre Sa Majesté Prussienne.
En quatrième lieu, on est convaincu en France que, si cette opération se terminait heureusement et d'une manière conforme aux espérances qu'on a conçues à cet égard, le parti que la maison d'Ha-
1 Vergl. Bd. XIII, 565.
2 Knyphausen. Vergl. S. 118 Anm 3.
3 Vergl. Bd. XI, 478; XII. 32—34.
4 Knyphausen.