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Dresde, 25 janvier 1757.

Je vous remercie de bien bon cœur, Monsieur, des nouvelles que vous avez bien voulu me communiquer à la suite de la lettre que vous avez pris la peine de me faire le 22 de ce mois. Il faut espérer que les conjonctures nous deviendront plus favorables encore, et que ce qu'on a arrangé en Angleterre en attendant les vents favorables pour nous le communiquer, sera d'autant plus satisfaisant, et que la diligence qu'on y emploiera, récompensera le retardement.

Je suis bien aise que nous avons au moins pour amie et bien intentionnée encore en Russie la Grande-Duchesse; comme Apraxin a paru lui être attaché et de ses amis, je crois qu'elle saurait bien lui inspirer des sentiments conformément à ses vues et à ses intérêts, pour ne point presser ses opérations. Le chevalier Williams m'aurait fait plaisir, s'il nous avait instruit de la disposition véritable du Grand-Chancelier, et où il en est avec lui, s'il a de l'espérance encore de réussir avec lui ou s'il n'y faut plus penser. Au reste, vous connaissez la droiture de mes intentions vis-à-vis le Grand-Duc et la Grande-Duchesse, en sorte que le chevalier Williams ne doit point hésiter de leur en donner toutes les assurances, sans avoir à craindre d'être jamais démenti par moi.1

En attendant, le malheur arrivé au roi de France2 me laisse présumer que cette scène, quelque petite qu'elle paraisse et sans conséquence, ne laissera pas d'avoir son influence sur les affaires publiques. S'il en arrivait que, par dévotion du Roi et aux instances de son père confesseur, Madame de Pompadour fût renvoyée, cela donnerait un furieux choc à la clique autrichienne, sans compter que cet événement ralentira peut-être les arrangements des Français pour entrer dans l'Empire, et que de plus ils n'y mettraient autant de vivacité ni de vigueur qu'ils ont marqué d'y vouloir mettre.

Voici la réponse à la lettre que M. Keith vous avait adressée pour moi.3 Soyez, je vous prie, Monsieur, persuadé de ma parfaite estime et de toute ma considération.

Federic..

Ne pourrait-on pas se servir du canal de Williams pour négocier un accord touchant le Holstein avec le Grand-Duc? Cela serait le moyen de gagner tout-à-fait le Danemark.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London. Der Zusatz eigenhändig.



1 Vergl. Nr. 8449. 8473.

2 Vergl. S. 208.

3 Das Schreiben des Königs liegt nicht vor.