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8581. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

[Dresde,] 5 [février 1757].

Mon cher Frère. Les nouvelles que vous me donnez de notre chère mère, m'ont extrêmement réjoui; mais comme il n'y a rien de parfait dans le monde, vous y avez ajouté un antidote, qui est votre maladie.1 Je suis très fâché de faire votre réception dans notre ordre, et je crois que vous auriez pu tarder encore une vingtaine d'années de prouver vos quartiers paternels. Enfin, mon cher Frère, puisque vous avez cet accident, gardez-vous bien de rien mettre d'humide sur votre jambe, faites-la beaucoup transpirer, ne prenez que des poudres rafraîchissantes, mangez et buvez peu, et dans peu vous serez rétabli.

De ces côtés-ci, tout est tranquille. Je crois que le branle commencera en Prusse;2 j'ai eu soin de tout arranger le mieux qu'il m'a été possible, et je ne crains rien. Je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant de la tendresse parfaite avec laquelle je suis, mon cher Frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


8582. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCES-UNIES$ A LA HAYE.

Die Prinzessin von Oranien schreibt, Haag 31. Januar:

„Monsieur. La situation la plus embarrassante et critique où l'on puisse se trouver, ne m'arrête point, quand il s'agit de servir ma patrie, et je crois dans cet instant ne pouvoir mieux la servir qu'en avertissant Votre Majesté d'un fait qui entre Ses mains pourra décider peut-être du sort de l'Europe. Le mémoire que je Lui envoie, est d'une authenticité au dessus de tous doutes, et il est de la dernière importance pour moi qu'aucun mortel ne sache que Votre Majesté en a été informé; j'écris même cette lettre sans connaissance d'aucun des ministres de la République, de sorte que je La supplie même de ne pas faire mention de cette démarche à Son ministre ici, ni à Gronsfeld. Heureuse si mon zèle peut servir dans cette occasion à prouver à Votre Majesté la considération et le respect avec lequel je suis, Monsieur, de Votre Majesté la très humble et très obéissante sœur, cousine et servante

Anne.“

„Mémoire.

On a dépêché le 7 janvier un exprès au maréchal Apraxin qui porte à ce général un rescrit de Sa Majesté Impériale, portant qu'ayant promis depuis si longtemps à ses alliés un secours puissant et prompt et ayant fait avancer ses troupes, malgré la rigueur de la saison et les mauvais chemins, elle considère qu'il est de sa gloire de n'en point rester là, d'autant plus que toute l'Europe a les yeux fixés sur elle et que le roi de Prusse paraît la mépriser de plus en plus et la brave en retirant ses troupes des frontières de la Prusse.

Sa Majesté Impériale ordonne à M. Apraxin de commencer au plus tôt les opérations de guerre contre la Prusse, quel que puisse être l'état des affaires à l'armée.

Que, quand même les succès ne répondraient pas à l'attente dans les commencements, elle prenait sur elle tous les revers, qu'elle n'en rendrait point responsable M. Apraxin et l'en déchargeait dès à présent.



1 Der Prinz war an der Gicht erkrankt.

2 Vergl. Nr. 8583.