8617. AU SECRÉTAIRE MICHELE A LONDRES.
Dresde, 16 février 1757.
Les rapports que vous m'avez faits du 28 janvier et du 1er de ce mois, m'ont été rendus. Tout ce que vous me marquez des bonnes intentions qu'on a de faire des efforts pour soutenir moi et la cause commune, est très bien, et je ne doute pas un moment des intentions droites et sincères du digne lord Holdernesse, mais, avec tout cela, je ne saurais m'empêcher de vous dire qu'à moins qu'on ne procède au plus tôt et avec toute la diligence requise d'assembler une armée en Westphalie, il sera fait des États d'Hannovre, après que mes provinces de Clèves et les autres contrées là auront été le premier sacrifice, vu que toutes les nouvelles de France assurent positivement qu'il était décidé présentement que les 24,000 hommes de troupes auxiliaires ne marcheraient point, et que l'évaluation de cette armée serait payée à la cour de Vienne à raison de 700,000 livres de France, mais que la grande armée s'assemblerait et se mettrait en marche pour l'Allemagne, dès que la saison le permettrait. Ce que vous devez dire tout naturellement à milord Holdernesse, tout comme je vous le mande, et combien on avait raison par conséquent de presser au mieux possible le transport des troupes hannovriennes et hessoises,1 et de finir les arrangements qu'on veut prendre avec le duc de Brunswick et la Hesse, pour qu'ils ne se fassent après coup.
Il y a d'ailleurs une chose dont je ne suis pas sans peine, c'est que les Autrichiens n'amusent pas les ministres d'Hanovre en les nattant de la vaine espérance de vouloir porter la France à ne pas assaillir les États du roi d'Angleterre en Allemagne;2 j'appréhende même [que cette] fausse perspective avec d'autres peut-être que les Autrichiens mettent en usage, ce que je ne dis cependant qu'à vous seul dans le dernier secret, ne fassent quelques impressions sur l'esprit du Roi par le manœuvre de son ministère d'Hanovre; manège de la cour de Vienne qui pourtant n'a d'autre but que d'empêcher par là qu'on ne se mette à Hanovre dans un bon état de défense, et que le temps pour le faire efficacement, se file et se perde, afin que la France sache après tomber d'autant plus aisément sur ces États, après que les miens de Clèves et de Westphalie sans défense en auront été le premier sacrifice.
Voilà de quoi vous devez vous ouvrir confidemment avec le lord Holdernesse, pour m'apprendre alors ce qu'il vous en aura dit.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 254.
2 Vergl. S. 263.