C'est par l'amitié et la confiance que je vous porte que je m'ouvre si confidemment envers vous; je connais trop vos sentiments patriotiques et zélés pour la bonne cause, pour ne pas attendre de vous que vous fassiez un très bon usage de tout ce que je vous ai expliqué, afin de remédier encore aux maux qui menacent, et au surplus vous serez persuadé des sentiments d'estime et de considération que je vous garderai à jamais.
Federic.
P. S.
Après avoir fini ma lettre, je viens de recevoir un rapport de mon ministre, le comte Podewils, sur la communication que le ministère d'Hanovre lui a faite de la convention de neutralité proposée de la cour de Vienne par le comte Colloredo à Londres, et sur ce qui lui a été répondu.1 Quoique je ne doute pas que vous n'en soyez déjà informé, j'ai en tout cas hasardé de vous envoyer ci-clos un précis de tout ce dont il s'y agit, et de la réponse qui y a été faite, dont cependant vous aurez la bonté de ménager encore le secret.
Je suis bien content de ce que le ministère britannique a marqué tant de fermeté pour refuser rondement le point auquel les cours de Vienne et de France ont principalement visé, j'espère qu'on y agira avec la même fermeté sur tout ce qui regarde le reste, pour faire échouer ce qui fait le principal objet de la proposition de ladite cour, savoir amuser la cour de Londres pour ne pas songer, en attendant, aux mesures à prendre, nous désunir et nous séparer pour avoir de nous après à meilleur marché l'un après l'autre, et introduire les Français en Allemagne sans opposition, afin de prendre l'Hanovre sans défense et entièrement au dépourvu; ce que je crois qu'on peut nommer à bon droit une trahison marquée.
Le roi d'Angleterre a connu le piège que lui tendaient les Autrichiens, et il a généreusement refusé la neutralité trompeuse qu'ils lui ont offerte. Je crains seulement à présent que l'on ne tarde trop d'assembler cette armée d'observation qui, à mon avis, ne peut être trop vite portée à Lippstadt.2 Enfin, la crise des affaires est terrible, mais je ne désespère de rien, et pourvu que les Hanovriens et Hessois passent la mer à temps, nous viendrons à notre honneur à bout de nos ennemis.
Federic.
Nach der Ausfertigung im British Museum zu London. Der Zusatz zu dem P. S. eigenhändig.
8620. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Podewils berichtet, Berlin 15. Februar: „Je viens de recevoir une estafette du baron de Münchhausen d'Hanovre,3 avec la lettre et les pièces ci-jointes en original, par laquelle, sur les ordres du Roi son maître, il me charge de communiquer sans délai
1 Vergl. Nr. 8620.
2 Vergl. S. 65. 132. 250.
3 D. d. Hannover 13. Februar.