<359> pourrait bien qu'ils étaient assurés d'avoir la neutralité par le moyen de la cour de Vienne. Mais, afin que cette neutralité eût quelque apparence, ils tiendraient leurs troupes derrière le Wéser, et lorsqu'une force formidable s'avancera, ils prétendraient être très excusables, parceque, selon eux, ne pouvant résister, ils avaient été obligés d'accepter la neutralité qu'on leur avait offerte, et que, dans ce cas-là, le roi d'Angleterre, leur souverain, contre ses sentiments et contre sa volonté, pourrait être obligé de déférer aux sentiments des ministres d'Hanovre.
Le comte Schmettau continue que, quand il considérait combien de temps il lui avait fallu pour les porter à faire assembler leurs généraux, afin que ceux-ci donnassent aux ministres les éclaircissements sur les points nécessaires pour rendre l'armée mobile et la mettre en état de pouvoir agir, et qu'il s'était offert de se rendre à leurs conférences, pourvu qu'ils le voudraient, ou de lui en communiquer le résultat pour en pouvoir faire son rapport à moi, et qu'après un délai de dix jours pour de vaines cérémonies entre les généraux et le ministère, les premiers s'étaient assemblés, — le général de Zastrow ne lui avait dit que quelques jours après, par manière de discours, qu'ils avaient résolu de faire un cordon derrière le Weser; et quand il lui avait fait voir que ce cordon serait bientôt coupé et rompu au milieu, mais qu'il fallait de toute nécessité avancer du moins une tête forte vers la Lippe ou la Ruhr, le susdit général lui avait répondu que cela se pourrait faire avec le temps et qu'il fallait des lettres réquisitoriales pour aller en cette position. Sur quoi, le comte Schmettau ayant repris que, pour se mettre à Lippstadt, il n'y avait nulles réquisitoriales à demander, hormis au comte Rittberg, où il suffirait d'envoyer un officier au bailli, pour mettre en état le pont de la digue, il n'avait eu qu'une réponse piquante.
Que tous ces manèges lui donnaient d'autant plus de soupçons que, malgré ce qu'il représentait aux ministres, depuis un mois, de la nécessité d'occuper les villes de Bielefeld, Herford, Lippstadt et Hamm, ils en faisaient les sourdes oreilles, marque peu équivoque qu'ils craignaient de se commettre en aucune façon, et quand on leur représenta qu'en avançant leurs troupes, ils étaient la subsistance aux ennemis, lui, le général Schmettau, n'avait point de réponse.
Que, de plus, ayant fait l'autre jour la demande qu'il fallût que je donnasse un corps d'armée pour soutenir le pays de Hesse, quoiqu'ils en [pussent] prévoir l'impossible de ma part dans la situation où je me trouve, il en soupçonnait qu'il y avait de l'artifice dans cette demande, pour en tirer un jour la conclusion que je n'avais pas voulu les soutenir.
Qu'au surplus, selon des avis sûrs, le corps des troupes françaises qui devait arriver au Rhin le 15 de ce mois, n'était point considérable, et que le ministère était à même de lui faire tête par les troupes et