[Dresde,] 16 [mars 1757].
Secret. J'ai reçu votre lettre, mon cher Maréchal, avec toute la satisfaction possible, y voyant des nouvelles de votre reconvalescence.1 Je vous assure que vous ne me pouvez faire un plus grand plaisir que de me dire votre sentiment naturellement et sincèrement; mais, mon cher Maréchal, ce qui m'empêche de m'y conformer, ce sont les nouvelles que je reçois de tous côtés, et qui de jour en jour se confirment davantage.
Voici donc, autant que j'en peux juger jusqu'à présent, en quoi consiste le plan de l'ennemi. Les Français doivent faire passer le Rhin à 80,000 hommes, auxquels doivent se joindre quelques Autrichiens encore de Flandre et des troupes de l'Empire. 50,000 hommes doivent assiéger Wésel et 30,000 hommes marcher dans le Magdebourg. Browne veut rester tranquille jusqu'au moment où il prévoit que je serai obligé de détacher pour m'opposer aux Français, et alors il veut agir ici avec toute sa force, espérant de me vaincre par sa supériorité. Or il est sûr que, quoique la manœuvre des Français est très difficile, ils peuvent l'entreprendre.
Si donc cela se faisait, je ne puis me tirer de cet embarras qu'en prenant les mesures suivantes. Premièrement en formant un corps de 30,000 hommes qu'il faut envoyer contre les Français, il me faut ici une armée de 60,000 hommes opposée à Browne, un corps de 35,000 en Lusace et 15,000 hommes employés à camper auprès de Schweidnitz et distribués dans les forteresses de la Silésie. Vous verrez ainsi que, dès que l'on aura chassé les Français ou battu les Autrichiens, on dégagera aussitôt la Silésie, et alors nous pourrons agir offensivement.
Voilà ce que j'ai imaginé de mieux dans ce moment; je vous prie de me dire si vous pensez quelque chose de mieux, et c'est précisément ce qui me tient encore en suspens pour la distribution des troupes; aussi me suis-je résolu de ne former mes corps d'armée qu'à mesure que je verrai clair dans les démarches de mes ennemis.
Je vous envoie ci-joint un extrait des nouvelles que j'ai reçues, par lesquelles vous jugerez facilement de l'importance du secret.2 Adieu, mon cher Maréchal, je vous embrasse de tout mon cœur.
Federic.
Nach dem Concept.
8732. AN DEN GENERALLIEUTENANT VON WINTERFELDT IN LANDSHUT.
Dresden, 16. März 1757.
Mein lieber Generallieutenant von Winterfeldt. Zu Eurer Nachricht und Direction communicire Ich Euch hierbei, was Ich heute an den Generalfeldmarschall Grafen von Schwerin geschrieben habe.3
1 Vergl. S. 354. 371.
2 Der Extrait liegt nicht vor.
3 Nr. 8731.