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Je ne manquerai pas d'envoyer à Votre Majesté en peu de jours les projets des ennemis,1 et la manière dont j'espère de les faire avorter. Je n'attends pour cela que la confirmation d'une nouvelle dont je serai instruit vers ce temps-là, et Elle verra par les choses que je me propose de faire, que je serai non seulement en état de faire face à tous mes ennemis, mais encore de couvrir le pays d'Hanovre, au cas que les Français détachassent 30,000 ou 40,000 hommes pour passer par l'Eichsfeld et tourner Ses États.2

Que Votre Majesté me pardonne ma franchise, je ne Lui parle pas ce moment comme à un Roi, mais comme à un ami; qu'Elle daigne mettre à la tête de Son armée le duc de Cumberland.3 Voici mes raisons : 1° Ce Prince a commandé des armées; 2° il connaît les Français, contre lesquels il a eu à faire; 3° sa naissance et son caractère lui donneront cet empire qu'un chef d'armée doit avoir nécessairement sur des troupes réunies de différents princes, et qu'aucun particulier, excepté milord Marlborough, n'a pu gagner sur eux.

Avec cela, je prévois que, par rapport à la droite de ma position, je serai obligé à des mouvements pour seconder l'armée de Westphalie,4 et toutes ces opérations différentes s'exécuteront avec plus de concert et d'unité, si un prince du mérite du duc de Cumberland et attaché aux intérêts de Votre Majesté comme lui se trouve avoir le commandement de ces troupes.

Puisque je suis en train de Lui parler à cœur ouvert, Elle voudra bien que je Lui fasse remarquer que voici le moment favorable pour acheminer en partie le sujet de la négociation du comte de Podewils.5 L'électeur de Cologne lève des troupes, et il est sur le point de se déclarer pour les Français; ne pourrait-on pas s'avancer dans le Paderborn, le prévenir, désarmer ses troupes et en même temps vivre aux dépens de ses évêchésr6 II n'y a plus rien à ménager, ainsi pourquoi donner le temps de joindre ses forces à celles de notre ennemi commun?

Je Lui demande pardon, si je Lui parle si franchement; je ne m'ingère point à donner des conseils à Votre Majesté, Elle en usera, comme Elle le jugera à propos, mais je me ferai une conscience dans ces moments critiques de Lui taire la moindre idée que je juge avantageuse à la cause commune, et tant qu'Elle le voudra bien, j'en userai de même, priant Votre Majesté d'ajouter foi aux sentiments de la plus haute considération et estime avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Staatsarchiv zu Hannover. Eigenhändig,



1 Vergl. das Schreiben an König Georg vom 10. April.

2 Vergl. S. 276. 349. 392.

3 Vergl. S. 380. 397.

4 Vergl. S. 392. 397.

5 Vergl. S. 252.

6 Vergl. S. 2S3. 362.