8761. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Dresde, 22 mars 1757.
Je viens d'apprendre de bonne main1 comme quoi Sa Majesté Britannique ne voyait pas de trop bon œil sur ce que le prince héréditaire de Hesse-Cassel, actuellement mon lieutenant-général et gouverneur de Wésel,2 resterait auprès des six bataillons de la garnison de cette place, quand elles en sortiraient pour aller se joindre aux troupes qui formeraient l'armée d'Hanovre,3 et que Sadite Majesté n'aimait pas que ce Prince se rendît à cette armée. Mon intention est donc que vous devez parler sur cette affaire à milord Holdernesse et lui faire des instances de ma part pour vouloir bien se charger d'insinuer au Roi combien mon embarras était extrême à ce sujet; que les raisons étaient connues pour lesquelles je m'étais chargé de ce Prince en l'agréant en mon service.4 Que, si l'évènement par rapport à ma province de Clèves ne fût arrivé, il serait toujours resté tranquillement à Wésel, mais, dans le moment présent où les circonstances m'obligeaient de faire évacuer cette place,5 pour éviter un plus grand mal, je me voyais dans l'impossibilité d'avoir ce Prince auprès de mon armée, vu que cela m'attirerait mille plaintes de la part de mes généraux et officiers commandants, qui se rebuteraient extrêmement d'être sous les ordres dudit prince et ne souffriraient que très impatiemment d'être commandés par lui. Qu'il y avait d'ailleurs un autre inconvénient à cet égard, que ce Prince serait tout-à-fait révolté et regarderait comme un affront sensible, quand je lui ôtais entièrement le commandement des régiments qu'il a eu jusqu'à présent en qualité de gouverneur de Wésel, quoique sous la direction du lieutenant-général de la Motte, qui avait fait les fonctions de commandant,6 et qu'on aurait à craindre que le désespoir ne fît alors que ce Prince se jetât dans les bras de nos ennemis.
Qu'il accédait encore à toutes ces considérations celle qui me paraissait la plus importante, savoir que le Landgrave régnant, père de ce Prince, dans l'âge avancé où il se trouve et par les fréquents accidents qui faisaient craindre pour sa vie, nous saurait manquer pendant ce temps de troubles, et que le Prince, rebuté et sorti de mon service, ne se jetât dans les bras de la France en se déclarant hautement pour son parti.
Que je croyais que, pour ces motifs, il nous convenait de le flatter un peu pour le contenir dans nos intérêts, et que je me persuadais que Sa Majesté Britannique selon sa haute pénétration voudra au
1 Gemäss dem Erlass von Holdernesse vom 8. März hatte Mitchell den hier erwähnten Wunsch Georg's II. dem Könige von Preussen vorgetragen. Der König antwortete Mitchell mündlich in gleicher Weise wie in diesem Immediaterlass an Michell. [Bericht Mitchells an Holdernesse, d. d. Dresden 23. März (separate); Public Record Office. Prussia. Vol. 89].
2 Vergl. S. 251.
3 Vergl. S. 380. 385.
4 Vergl. Bd. XII, 510.
5 Vergl. Nr. 8765.
6 Vergl. S. 251.