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Quant à l'exécution, voici, je crois, ce qui se peut faire de notre côté. Le prince de Bevern a sûrement 30,000 hommes vis-à-vis de lui, il ne saurait agir offensivement, avant que l'ennemi, sachant que vous lui venez à dos, ne lui donne le moyen d'avancer; car le chemin de Gabel et de Reichenberg, garni de 30 à 40,000 hommes, ne se laisse pas forcer avec 25,000 hommes;1 mais pour faciliter l'opération du prince de Bevern, je peux envoyer un gros détachement vers la seigneurie de Hainspach, pour inquiéter ceux qui sont du côté de Rumburg et Schluckenau, et me porter ensuite avec 44 bataillons sur la hauteur de Nollendorf. Je ferai faire en même temps des mouvements sur ma droite au corps du prince Maurice, et, si faire se peut, il tombera sur quelque quartier des ennemis de son voisinage. Vous commencerez alors vos opérations. Browne, qui doit supposer que le grand coup se frappera de mon côté, attirera toutes ses forces vers moi. En même temps, quand les Autrichiens de Reichenberg vous sauront à leur dos, ils s'enfuiront; alors le prince Bevern pourra les pousser aussi loin que possible; s'ils tournent vers Aussig, il les suivra l'épée aux reins. Vous avancerez en attendant. Browne ne saura de quel côté tourner. Si alors le prince de Bevern prend Tetschen, je pourrais avancer vers Aussig, où les Autrichiens n'ont qu'un magasin pour les troupes légères, et qui ne me servira pas de grande chose. Je ne peux point prendre de camp auprès d'Aussig, à cause des difficultés; où l'on manque d'eau, où le terrain est désavantageux et mauvais; il faut se mettre à Karbitz, qui est dans la plaine, et où l'on peut bien s'accommoder. Mais d'où prendrons-nous de la paille? Il me faut 8000 chariots du pays pour me voiturer les vivres et fourrages. Toute la partie de la Bohême où j'entre, est radicalement mangée; les magasins de l'ennemi sont à Budin; je ne puis y arriver, ni subsister des miens, ce qui m'obligera à me borner simplement à des ostentations du côté de Nollendorf, Teplitz etc., et ce qui me mettra hors d'état d'empêcher Browne de faire des détachements contre vous. Aussig n'est point propre pour un magasin, et je ne saurais avancer, à moins que le prince de Bevern ne balaie l'autre côté de l'Elbe. Je serais d'ailleurs dans l'embarras de ne point avoir des nouvelles de Browne et de ne pas savoir de quel côté il tourne. Mais s'il se retire même au delà de l'Eger, je ne puis l'atteindre; si je marche sans cavalerie, je pourrai le combattre, mais sans succès; si je me charge de ma cavalerie, je manque de subsistance. Tout cela n'aurait pas lieu, si les herbes étaient venues, ou si dans ce pays ils avaient aventuré leurs dépôts, comme le long de vos frontières.

La politique et la raison de guerre veulent que j'entre en campagne, avant que les ennemis aient arrangé leurs flûtes; mais voilà des impossibilités physiques qui m'empêchent de faire grande chose. Je



1 Vergl. S. 416.