<88> du Pashcopolo, qu'on aperçut un camp dans la plaine de Lobositz, dont la droite s'appuyait à l'Elbe et Welhota, Lobositz devant son front, Sullowitz devant sa gauche, dont l'extrémité se prolongeait derrière les étangs de Tschischkowitz. L'avant-garde continua sa marche à Wellemin. Ce village est situé dans un bassin entouré de montagnes, dont la plupart ont la forme d'un pain de sucre. Le Roi fit avancer l'infanterie en diligence et occuper les hauteurs et les débouchés qui vont verser dans la plaine de Lobositz. L'armée arriva assez tard et demeura la nuit en colonnes à peu de distance de l'avant-garde.
Le lendemain, 1er d'octobre, on fut reconnaître l'ennemi à la petite pointe du jour, un brouillard épais qui reposait sur la plaine, empêchait des hauteurs de distinguer les objets; on apercevait comme au travers d'un crêpe la ville de Lobositz et dans la plaine entre cette ville et Sullowitz deux colonnes de cavalerie, dont chacune était environ de 5 escadrons. Il fut résolu de déployer l'armée; à l'instant une colonne d'infanterie se forma par la droite, l'autre par la gauche, et la cavalerie se mit en seconde ligne. Le terrain où nous nous mimes en bataille, ne contenait que 6 bataillons de l'avant-garde, il allait en s'élargissant par la gauche. Le revers de ces montagnes était couvert de vignes divisées en beaucoup de petits enclos de pierre de la hauteur de 3 pieds, qui marquaient les différents héritages des bourgeois. Ce fut dans ces vignes que M. de Browne envoya ses pandours pour nous arrêter. A mesure qu'un bataillon de la gauche entrait en ligne, il s'engageait avec l'ennemi, mais comme c'était un feu mal nourri, on se confirma dans l'opinion où l'on était, que M. de Browne s'était retiré et que ces pandours et les troupes de cavalerie qu'on apercevait dans la plaine, faisaient son arrière-garde; ceci paraissait d'autant plus plausible qu'il ne fut impossible de découvrir rien d'approchant d'une armée : le brouillard nous cachait tout et il ne tomba qu'après i r heures. On fit canonner cette cavalerie de la plaine, qui changea de forme et de figure à plusieurs reprises : tantôt elle parut plus nombreuse, tantôt rangée en échiquier, quelquefois sur trois lignes, dont chacune était contiguë, souvent 5 ou 6 troupes disparaissaient en se retirant par leur gauche; enfin, las des manœuvres oiseuses qui s'étaient faites jusqu'alors, on crut qu'en faisant charger 20 escadrons de notre cavalerie, on dissiperait cette arrière-garde et qu'on mettrait fin au combat. Nos dragons se formèrent au pied de la hauteur où était notre infanterie, ils chargèrent et renversèrent la cavalerie autrichienne, mais ils reçurent un feu de flanc par l'infanterie de Lobositz et de Sullowitz, qui les obligea à se remettre dans leurs postes au bas de la montagne. Ce ne fut qu'alors que l'on jugea que l'ennemi se trouvait vis-à-vis de nous avec toute son armée. Le Roi voulut dès lors remettre sa cavalerie en seconde ligne, mais avant qu'on pût lui porter cet ordre, emportée par son impétuosité naturelle et par le désir de se signaler, elle donna pour la seconde fois, renversant tout ce qui lui était opposé, essuyant ce